Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

Qui passe par ici?

Flag Counter

mardi 31 octobre 2017

Le carnaval des âmes ( film 1962)

Attention, car il y a deux films du même titre, un de 1962 et un autre de 1998, qui n'ont apparemment que le titre en commun.

Celui de 1962 a été réalisé par Herk Harvey, et ..c'est son seul film. Qui a de plus atteint le statut envié de "culte" ( et un film culte a souvent été un four à sa sortie, celui-ci ne déroge pas à la règle)

Il faut dire qu'il est très étrange, jusque dans sa narration.

affiche du plus beau type " arnaque", le film est en noir et blanc, et l'héroïne n'y est en petite tenue que le temps de prendre son bain.

Tout commence donc comme un "film de potes"des années 60. Des amis répartis en 2 voitures, celle des garçons et celle des filles font une course un peu stupide, qui se termine rapidement au fond de l'eau pour les filles. La voiture et ses occupantes sont portées disparues, mais contre toute attente,quelques heures plus tard, la seule rescapée revient sur la berge, visiblement choquée.

Quelques jours après ce terrible accident, elle est en pleine forme et se prépare à quitter sa ville pour aller travailler dans une église près de Salt Lake city. Car Mary est organiste professionnelle, c'est une femme distante, voire cassante, qui semble imperturbable et avoir surmonté son accident et sa presque-noyade sans séquelle.
Pourtant sur le chemin, des choses étranges lui arrivent: l'autoradio se bloque et refuse de diffuser autre chose que de la musique d'orgue, assez angoissante, celle-là même qu'elle jouait dans la précédente séquence.
Un visage fantomatique apparait à sa fenêtre, puis un fantôme entier sur la route.

pas de sang, pas de crime, mais toujours ce type flippant partout, qui semble sortir d'un film muet ( et on dirait un mélange entre le somnambule du DrCaligari et Klaus Nomi. Au passage, c'est le réalisateur qui s'y colle)

Et le fantôme revient et revient, toujours plus proche, toujours plus menaçant. Mary est aussi victime d'un al incompréhensible qui la rend soudain sourde temporairement et le temps de cette surdité, personne non plus ne l'entend, ni ne la voit, comme si elle se trouvait dans une sorte de d'espace temps à part. Ou bien elle semble soudain possédée et ses mains se mettent à jouer des choses très improvisées et très peu religieuses ( ce qui lui vaut un renvoi immédiat par le curé qui l'emploi, car il ne veut rien de profane dans son église)

Et dans son idée tout celà est lié à un bâtiment qu'elle a aperçu en arrivant: un ancien spa luxueux transformé en salle de bal et ensuite en fête foraine, mais qui est depuis désaffecté.



Je le dis d'emblée:ça ne plaira pas à tout le monde.
La narration est très brumeuse, il n'y a pas spécialement d'action, ni d'effets spéciaux. le réalisateur a tourné avec trois fois rien, donc en remplaçant les effets péciaux ou l'action par une ambiance glauque au possible et des séquences très surprenantes apparemment banales mais avec toujours un élément menaçant. en gros la définition du fantastique, car jusqu'à la dernière minute on ne sait pas s'il y a réellement un fantôme, si Mary est en plein contrecoup de son accident, ou si sa raideur compassée et son comportement ambigu envers son voisin dragueur n'est pas plutôt un symptôme de maladie mentale.

Pour ceux qui connaissent, on est assez proche de la série "La 4°dimension"; esthétiquement et au niveau du sujet. Ca aurait pu en être un très long épisode.


Ou la bizarre impression de voir un film expressionniste allemand tourné aux USA au début des années 60. Mi parlant, mi-muet, avec un emploi de la musique intéressant ( qui passe d'un élément de l'action lorsque l'héroïne joue ou écoute la radio, à une musique d'ambiance, voire les deux à la fois).
Personnellement, j'aime énormément ce côté expérimental ( et bon le cinéma expérimental, c'est quand même quelque chose de spécial, il y a parfois des pépites, et souvent du portewak. Celui ci est du bon côté de la barrière je trouve)


samedi 28 octobre 2017

Dracula ( film 1992)

Deuxième sujet cinéma. On reste en compagnie de l'ami Vlad.

Au début de la chaîne des adaptations du roman il y a Nosferatu.
A l'autre bout il y a la version Coppola qui a quelque peu lancé une mode du vampire, un peu flippant mais si possible pas trop, triste et dans le fond, un mort-vivant sympa.
Je ne sais pas s'il y a eu d'autres versions depuis 1992, probablement, mais qui n'ont pas eu autant d'audience ni de succès.

Repartons en 1992.
J'ai 15 ans, je suis au lycée, c'est 14H00, le prof est absent, il pleut à verse et j'ai un peu d'argent de poche et je dois attendre 17h00 pour retrouver ma mère et aller faire des courses, ou quelque chose de ce genre.
Je m'ennuie.. tiens si j'allais au cinéma, ça m'occupera l'après-midi,et ce film me tente bien.


Rétrospectivement, ça m'étonne même qu'on m'ait laissée rentrer, je ne sais plus s'il était interdit aux moins de XYZ ans, mais j'ai toujours fait plus jeune que mon âge et à 15 ans, je devais en paraître genre.. 12? Véridique, plus tard en fac, on m'a demander de prouver que j'avais plus de 16 ans pour un autre film, j'en avais 22...

A l'époque, je n'avais pas un grand bagage cinématographie en général et encore moins sur Coppola, et j'avais bien aimé le film. D'autant qu'il y a Anthony Hopkins et Wynona Ryder, deux acteurs que j'appréciais pas mal.
Et un petit nouveau dans le rôle tire, que je n'avais jamais vu ailleurs. Je l'ai trouvé bon, un acteur à suivre... qu'on a peu revu par la suite jusqu'à il y a une dizaine d'années.
Je n'avais pas revu le film depuis, c'est chose faite et...

le film a eu un tel succès qu'il a lancé une sorte de mode qu'on voyait peu avant, et tout le temps depuis: ressortir le livre avec comme couverture l'affiche du film, je trouve ça un peu dommage, ça conditionne le lecteur à une vision en particulier.

C'était une mauvaise idée. Ca me fait mal de l'avouer, mais c'est comme ça. 25 ans plus tard, outch!

Il était mieux dans mon souvenir, quand j'étais jeune et avec peu de références.

En fait surtout, il a visuellement très mal vieilli.
Et ni le charme de Gary Oldman, ni celui de Wynona Ryder selon vos goûts et vos préférences (je vous laisse deviner quel est mon choix :D) ne peuvent le compenser. C'est dire.

Et depuis j'ai vu le Parrain et Apocalypse Now, et pour le coup, la redescente est assez violente.
L'esthétique est vraiment datée années 90, les effets de fondu enchaînés récurrents (une forme qui en devient une autre, genre un motif rond qui devient le soleil ou une tête coupée qui devient un gigot saignant, ou deux traces de crocs qui deviennent des yeux de loups, ou.. vous voyez l'idée) sont vraiment trop nombreux et systématiques à tel point que j'ai l'impression que ça cache peut-être un manque d'inspiration, pas vrai Francis?

Le côté porno chic est aussi vite lassant ( alors qu'à la base c'était pourtant une idée sympa que de forcer un peu la dose d'érotisme, mais là, avec le recul ça fait un peu gratuit par moments), les délires érotiques de Lucy la nymphomane sont assez relous.
Et d'ailleurs le personnage est assez pénible, mais ça déjà à l'époque, je me demandais comment 3 bonshommes pouvaient continuer à courtiser une nénette aussi garce qui se paye ouvertement leur fiole, et en plus en VO l'actrice a une voix difficile à supporter.
Du coup, là comme il y a 25 ans, je suis contente quand elle crève enfin!

Autre chose qui est très lourde: l'allégorie très, très appuyée sur les maladies vénériennes - la syphilis est directement mentionnée. La victime mordue devient vampire / le sexe c'est dangereux, on risque de choper la chtouille.

Début années 90 pour mémoire, on était en pleine pandémie de SIDA et sans qu'une thérapie se profile, et donc le thème ressurgissait parfois à peine déguisé. De nos jours, ça participe aussi de ce côté daté... avec en plus un vilain fond moralisateur.

La nympho sera punie par la maladie, tandis que Jonathan se tape 3 sorcières mais comme c'est un homme, il a la tradition patriarcale pour lui qui veut que ce soit normal et ne chopera rien du tout, il a été forcé, c'est un coeur pur qui reste malgré tout fidèle à Mina, qui se considère comme une mauvaise femme car elle hésite entre deux hommes.

J'appuie le trait, mais je vous jure que c'est comme ça que je le ressent. Et non Francis, je ne te suis pas sur ce terrain là de père-la-morale alors  qu'à côté tu nous proposes une Mina ambiguë qui fait plaisir à voir.
Si tu avais pu aussi nous épargner cette fin " alléluia, la rédemption" qui manque de subtilité...


Donc, sinon la nouveauté, enfin par rapport aux films précédents, c'est de donner une histoire au vampire, une histoire d'avant, en expliquant pourquoi et comment il en est arrivé là.

Donc, XV°siècle, Vlad, chevalier roumain se bat contre les ottomans au nom de la chrétienté, commet pas mal d'exactions au nom de son Dieu et en rentrant chez lui découvre que sa femme s'est suicidée en apprenant la fausse nouvelle de sa mort.
Donc fou de rage en apprenant qu'elle ne sera pas enterrée dignement car le suicide est interdit, il renie Dieu et se retrouve damné. Il devra dès lors se nourrir de sang.

Donc le statut de vampire cette fois n'est pas une caractéristique de base du personnage mais le résultat d'une malédiction. Qu'il regrette parfois quelque peu, malgré des compétences magiques acquises en même temps.

Et surtout 4 siècles plus tard il est toujours vivant, inconsolable de la mort d'Elizabetha, jusqu'à ce qu'il tombe sur le portrait de Mina, la fiancée de Monsieur Harker, le clerc de notaire venu traiter avec lui pour lui vendre des propriétés à Londres.

parmi les choses que j'aime bien même maintenant, il y a ce genre de jeu d'ombres, et les trucages simples. Ca pour le coup, c'est toujours mieux pour moi qu'une image de synthèse qui serait le recours évident actuellement.
Mina est le portrait craché de feue Elizabetha, Vlad n'a donc plus qu'une idée en tête: mettre Harker hors jeu (en l'enfermant donc afin qu'il passe les prochaines heures à faire des parties carrées avec 3 sorcières, j'en connais qui voudraient être séquestrés dans ces conditions) et filer à Londres, avec les dégâts qui vont avec: arrivée de rats, tempête et tout le toutim, pour aller draguer Mina et se la récupérer pour lui tout seul.

Je sais dit comme ça.. mais c'est exactement ça. Les parties carrées et tout le tremblement, je vous jure que je n'invente pas.

Mais comme depuis le début (en tout cas à la période contemporaine) Vlad a l'apparence d'un vieux bonhomme effrayant, il lui faut se rendre présentable, en se repaissant du sang d'une fraîche victime, si possible plus ou moins consentante.

messieurs dames, Gary Oldman
Ce sera donc Lucy-feu-au-derche, qui passera à la casserole à tous les sens du terme.
Pas de chance pour Lucy, ce sera sous l'apparence d'un monstre qui tient autant du singe que du loup-garou.

Mina, elle, a gagné le gros lot, et c'est un séduisant dandy roumain en costume impeccable et haut-de-forme qui vient la courtiser.

et hop tour de magie, Gary Young Man.
Je sais, j'ai déjà fait cette blague, elle est facile, mais elle m'éclate.

Un peu "rustiquement", certes, le guerrier de la Renaissance n'a pas totalement disparu sous le vernis de la civilisation. Avant de se souvenir que coincer une femme dans un recoin sombre et tenter de la mordre n'est pas exactement la meilleure façon de se faire apprécier d'elle.
Le film a gagné un oscar des meilleurs costumes. J'avoue, j'aime beaucoup la veste qu'elle porte.
D'autres costumes sont plus, enfin...
Ça par exemple, c'est bien le suaire le plus étrange du monde ( et probablement le plus cher aussi)
Et malgré cette entrée en matière un peu rustique, Mina tombe sous le charme le l'exotique (et riche) touriste oubliant un peu vite son fiancé porté disparu au fin fond des Carpates.

Autre réussite, la photographie et les cadrages sont très picturaux. Mais ça ne suffit pas à contrebalancer le méchant coup de vieux du film.

L'idée était bonne de faire du monstre désigné une créature à la fois dangereuse et touchante, cruelle et sensible. Donc là, c'est ok, et on prend fait et cause pour celui qui est supposé être le méchant de l'histoire.

D'autant que Mina a fait son choix:
Entre une vie terne et ennuyeuse, qui se conclura par une mort aussi terne et ennuyeuse auprès d'un mari, sympathique, mignonnet mais également terne et ennuyeux.
Ou une euh... non-vie? En compagnie d'un homme mystérieux, sensuel et sentimental qui lui plaît beaucoup plus que son promis, avec qui elle a une connexion mentale par delà les siècles, et avec qui elle gagnera en plus l'immortalité, le don de parler aux loups et une compétence en magie noire.
Et en plus il est riche!
Et en plus d'en plus, elle lui pardonne la mort de sa copine Lucy.
Le plus dingue dans l'histoire est que l'insupportable Lucy avait quand même une bonne copine et que des gens la regrettent.
là aussi, cadrage, éclairage, tout ça, c'est du bon, mais les tics d'esthétique années 90 cassent tout.

Le choix est vite fait, clerc de notaire mortel vs châtelain immortel, donc j'ai juste envie de dire aux gens qui lui mettent des bâtons dans les roues, "bah, laissez-là partir, elle a décidé en son âme et conscience, foutez-lui la paix de toute façon elle va aller grignoter en Roumanie, Londres ne risque rien, Jojo en prend son parti, donc stop!"

Voilà, il y avait de bonnes idées, mais noyées sous une esthétique qui a vieilli bien plus vite que celle des films les plus anciens. Un comble lorsqu'on parle d'un immortel qui peut changer d'apparence et rajeunir à volonté.

Alors que les références picturales sont savoureuses.

le détail fun: lorsque Jonathan voit ce portrait, il lui trouve un air de ressemblance avec le vieux comte, qui lui rétorque que c'est un de ses ancêtres. Il serait donc apparenté à Albrecht Dürer?
autoportrait d'Albrecht Dürer à 28 ans.
Oui je trouve ce clin d'oeil assez marrant.
et là..Gustav Klimt est passé par là.

Le casting était alléchant, Anthony Hopkins en Van Helsing à l'humour noir en fait parfois trop mais reste un bon moment, Tom Waits en Renfield le dingo en fait tout le temps trop, mais pour le coup, ça marche impeccablement, puisque le personnage est possédé.

là aussi, le film m'a fait connaître Tom Waits, donc je le compte à son crédit

Keanu Reeves est ... décoratif, et c'est à peu près tout ce qu'on peut en dire, vu que Jonathan est un personnage incolore, difficile d'en faire quelque chose.

Wynona Ryder, je suis partiale, mais je l'aime beaucoup, rend Mina intéressante, en femme qui se débat dans des sentiments contradictoires, au lieu d'être une victime passive des circonstances.

Et donc Gary Oldman, qui réussi la prouesse d'être beaucoup plus flippant en vieux tordu qu'en chauve souris ou ... chose simiesque.
Et pourtant vu sa coiffure totalement improbable ça n'était pas tout cuit.
Mais je l'ai revu depuis ailleurs et ma première impression reste la même, ce type a du talent et un charme un peu atypique qui ne me laisse pas insensible, j'en vois d'ici qui attendaient que je fasse ma fan-girl de base. Parce que je l'avais mentionné en coup de coeur de jeunesse.
(puis maintenant faudra que je regarde les films Harry Potter, parce rien que de savoir qu'il est là dedans et en plus dans le rôle d'un de mes personnages favoris, ça peut valoir le détour)

vendredi 27 octobre 2017

Nosferatu (film 1922)

Soirée cinéma, je fais une doublette "dents longues"

Après Le Golem ( 1920), Häxan ( 1922),  Dracula (1931), Frankenstein (1931 aussi), le corbeau ( 1935), je continue l'exploration des débuts du cinéma fantastique, à cette époque d'une quinzaine d'années qui a vu l'émergence des films de monstres et du cinéma parlant quasiment en même temps.

Et donc il manquait encore Nosferatu ( sous titré "une symphonie de l'horreur") (1922) à ma collection de monstres vintages ( et la Momie qui est prévue à plus ou moins moyen terme)




Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la vision des vampires a beaucoup changé depuis 1922.

1922: tueur solitaire chauve comme un oeuf, oreilles pointues et dents de rat




1994: chasseurs en meute, dandies décadents, mignonne petite fille à bouclettes et humour noir.


Pas forcément moins dangereux, mais on y a un peu perdu en trouille ce qu'on a gagné en charme.
Bon d'accord, on y est passé par étape: le mondain sinistre et charismatique (1931), le dandy fascinant et dominateur ( 1958), le chevalier maudit tantôt monstrueux, tantôt sentimental (1992).

Et depuis , les choses sont allées de vampire en pire ( vanne honteusement... pompée sur le croque-monstre show, j'avoue:D), jusqu'à avoir des supposés monstres peu flippants, qui ne mordent personne ou si peu.. et hahahaha, scintillent au soleil sans même utiliser d'écran total.
Je suis plus une goule qu'il ne seront jamais, on dirait.

Le charme, ok, pourquoi pas, après tout, appâter la victime est aussi une stratégie payante, mais quand même il manque de plus en plus le paramètre monstrueux, la faute à Francis. J'y reviendrai en deuxième partie de soirée.

Et donc , revenons à l'époque où un vampire était encore un monstre assoiffé de sang, avec une gueule de cauchemar.

Nosferatu est une libre adaptation du Dracula de Bram Stoker, une vingtaine  d'années après sa publication - pas la première adaptation , apparemment il y a eu un film hongrois en 1921. Libre adaptation, car ce petit facétieux de Friedrich Murnau n'avait pas eu les droits du roman, et donc a un peu triché: on transpose l'intrigueen allemagne, on change les noms et hop ni vu ni connu.
Jonathan Harker de vient Monsieur Hutter, Mina devient Ellen, Renfield devient Knock (oui, ça fait un peu Jules Romains), et le comte est renommé Orlock et sa version nocturne est nommée Nosfertu
Hop ni vu ni connu.

Ou presque. Mais vu le succès de film, je pense que les ayants droit de Stocker ont pu se mordre les doigts - tiens, prends un peu de pain, ça te fera un hot dog- de ne pas avoir négocié les droits.

L'intrigue est la même, un clerc de notaire nommé Thomas Hutter est envoyé au fin fond de la Roumanie, négocier la vente d'une demeure après d'un riche comte extravaguant à l'allure patibulaire. C'est un traquenard tendu par Monsieur Knock, employeur de Hutter qui semble versé dans la magie noire -au vu des lettres couvertes de symboles hermétiques qu'il lit) et passablement dérangé, qui envoie consciemment son employé au casse pipe.

j'aime bien le décor chez monsieur Orlock

Ellen a un mauvais pressentiment concernant son mari. Ne demandez pas vraiment à une femme dans un film des années 20 de faire beaucoup plus qu'être une épouse dévouée.
Et Le comte , voyant le portrait d'Ellen, qui a un joli cou, signe les contrats, enferme Hutter et part sur le champ emménager en face de chez Ellen, emmenant avec lui des caisses de terre et une foule de rats qui répandent la peste dans la ville. Les morts mystérieuses commencent à se multiplier.

Oui ça fait beaucoup de remue-ménage pour aller mordre une seule personne sous prétexte qu'elle a un joli cou, je trouve aussi.
Donc la trame par contre reste celle qu'on connait, sans plus de précisions sur les motifs de Nosferatu. Ce qui le rend encore plus flippant car dénué de mobile, comme si sa tronche ne suffisait pas.

l'acteur se nomme Max Schreck, ce qui est extrêmement drôle pour les germanistes, puisque Schreck signifie " terreur".Et il avait la tête de l'emploi même au naturel.
Accessoirement, Tim Burton lui rend hommage en nommant" Max Schreck" un personnage de méchant dans Batman.
Et dans le bal des vampires, le vampire se nomme "Von Krolock", je ne peux pas croire à un hasard!
Et à côté de ça, il y a Murnau, réalisateur majeur du courant expressionniste que j'adore, avec ses contrastes violents d'ombre et de lumière, ses cadrages audacieux et ses effets spéciaux, aujourd'hui assez drôles, mais novateurs pour 1922.

Probablement l'image la plus célèbre de l'histoire du film d'épouvante.

Bon sang(!), je viens de me rendre compte: quand ce film est sorti, ma grand- mère avait 5 ans.

Il y a eu un remake du film, tourné en 1979 par Werner Herzog, que j'ai vu il y a longtemps, mais dont je n'ai pas gardé grand souvenir. Plus moderne certes, mais un peu inutile ( si ce n'est que Herzog a fait appel à son acteur fétiche, Klaus Kinski, une autre gueule de l'emploi, qui a d'ailleurs le même maquillage que Schreck ).
et vous savez quoi, les monstres ne meurent jamais vraiment, je viens de voir un second remake en cours de production. Je le sens assez mal.

En tout cas, si on aime le cinéma muet, ou fantastique, ou les deux, celui-ci est un des grands classiques à voir au moins une fois.

mercredi 25 octobre 2017

Suspiria ( film1977)

Concilier semaine italienne et challenge Halloween, c'est possible.

En piochant dans la filmographie de Dario Argento, connu pour ses films fantastiques sur fond de sorcellerie

Et figurez vous que Suspiria est le plus connu, je ne l'avais pas encore vu. J'ai un vague souvenir d'avoir vu Inferno, mais je les confondais.

D'ailleurs à ce dyptique ( 1977 pour Suspiria et 1980 pour Inferno, est venu s'ajouter " la troisième mère" en 2007.. que je n'ai pas vu non plus).
Trois histoires de sorcières donc.

Bon, honnêtement pour Suspiria, le scénario ne casse pas trois pattes à un canard. Ou a un cygne, en l'occurrence, puisqu'il est question de danseuses témoins de manifestions surnaturelles dans leur école de danse.

Suzy, apprentie danseuse américaine , vient donc se perfectionner à la Tanz Akademie de Fribourg, en Allemagne.
et dès son arrivée, tout va de travers, il pleut à verse et bien qu'elle soit attendue, on lui refuse l'entrée.
Avant de repartir, elle croise brièvement Pat, une autre élève, visiblement morte de peur.
Et Pat ne tarde pas à être morte tout court, sauvagement poignardée.
Lorsque Suzy revient le lendemain, on lui apprend ce décès brutal, imputé à des voyous.
Mais très vite suzy se rend compte que tout est suspect dans cette école: professeurs rigides et même sadiques qui semblent cacher des choses, directrice invisible alors même qu'une élève vient d'être tuée ( et même une autre, donc il ne sera bizarrement plus jamais question) personnages inquiétants qui rodent dans les couloirs, hostilité ouverte de la plupart des autres élèves. Et Suzy elle-même qui est victime d'un malaise inexplicable alors qu'elle est en excellente santé.
De plus sa nouvelle copine Sara qui lui apprend qu'avant sa mort, Pat avait découvert des choses et qu'on l'a faite taire.
C'est décidé, Sara et Suzy vont mener leur petite enquête, qui les mène sur les traces d'Elena, fondatrice de l'école quelque 100 ans plus tôt, auréolée d'une réputation de sorcière à la tête d'une sorte de société secrète.
Mais les sorcières ne meurent jamais vraiment, n'est ce-pas?

Donc bon, un scénario.. j'ai du mal à le saisir en fait. A la fois parfaitement banal dans l'absolu, mais surtout très décousu.

Argento amis le paquet sur l'aspect visuel, l'ambiance.. mais après recherche, je comprend ce qui me dérange un peu: le film était prévu pour des personnages âgés de 12 ans. Pour des raisons évidentes (va faire jouer des enfants dans un film où dès le départ,une petite fille doit être poignardée et pendue, et arrange toi avec la censure!), les personnages sont joués par des acteurs adultes..mais sans modification des dialogues, ce qui fait que la plupart ont l'air parfaitement nunuches. Puisque si tu es adulte et que tu te sens menacé, tu prends tes cliques et tes claques et au revoir tout le monde, ce qu'une gamine de12 ans peut difficilement faire.
Et ce décalage est parfois assez gênant.

A côté de ça, la narration est assez relâchée, limite dilettante. C'est la faiblesse, mais aussi le moteur du film, aidé en ça par des effets de décors et de lumières oniriques. La logique est celle du rêve, et on ne demande pas un cauchemar de suivre un fil narratif solide.
Une fois compris ça, on peut oublier le côté WTF de certaines situations: comment une fille qui vient de se prendre un coup de couteau dans la carotide peut-elle s'enfermer dans un grenier, empiler des valises ouvrir un fenestron, escalader et s'enfuir, pour tomber droit dans un piège où elle va se débattre pendant un moment, alors qu'elle aurait du logiquement se vider de son sang en quelques secondes, ce n'est pas moi qui le dit, c'est la biologie.
Réponse: le cauchemar. Lorsqu'on rêve qu'on est attaqué et blessé, l'organisme lui est peinard, intact sous la couverture, et donc envoie le signal que tout va bien.. donc ok, on peut continuer le rêve d'horreur sans y mourir ( la nuit passée, j'ai rêvé que j'étais coincée dans une écluse après avoir dévalé une chute d'eau et ça paraissait terriblement long, et je me suis réveillée même pas mouillée ni noyée v'voyez?)
Je vois ça comme ça.

A ce moment on peut savourer les inventions horrifiques parfois réussies ( autant le meurtre du début est assez cartoonesque, et donc plus rigolo que flippant autant la pluie d'asticots qui tombe du plafond est une idée génialement dégoûtante).

Après il faut aimer l'esthétique too much des seventies: lumières violentes, cadrages originaux, distortions de l'image. C'est sûr, Suspiria ne fait pas dans la sobriété, mais au final le côté n'imp' des situations ajouté à celui parfaitement artificiel du traitement visuel marche plutôt bien.
Et rien que par un cadrage et un montage intelligent, Argento parvient à rendre angoissant une séquence où un homme est seul la nuit, sur une place déserte avec son chien. Il n'y a rien, il ne se passe rien, seul un vol de pigeons est là, mais ce rien est justement angoissant.
alors qu'importe au final si le sang est trop rouge est trop épais, si les victimes survivent quand elles ne devraient pas, si le chien qui attaque est clairement une marionnette, si les couteaux s'enfoncent visiblement dans leur manche...parce que ce qui compte c'est plutôt le côté plastique de la chose.

Soit on aime, soit on déteste. Bon, je fais partie de ceux qui ont aimé, et c'est assez rare que les faiblesses d'un film soit exactement ses qualités.

Sinon deux choses pour conclure: Suzy est jouée par la trop rare Jessica Harper, actrice d'une poignée de film de genre, mais surtout Phoenix dans Phantom of the Paradise. Ici son rôle est moins intéressant et on n'entendra pas sa jolie voix d'alto, mais c'est un plaisir de la revoir.

Et plus que tout j'adore la musique du générique, que personnellement je mets en tête de mon top 3 des musiques de films d'horreur. Elle est signée du groupe de rock progressif ( on ne se refait pas) italien Goblin. Plus généralement ils ont signé la plupart des musiques de films d'Argento et souvent très réussies.


Et décidément, je viens par curiosité de chercher la bande son d'Inferno.. et de me marrer en me disant " bon sang, j'avais oublié ça. Je ne sais pas qui l'a faite mais on jurerait du Emerson,Lake and Palmer".
Vérification faite, musique de Keith Emerson. Bingo!

Cruel Thing tome 1 ( Leandra Martinez et Luciano Vecchio)

Attention, ovni.

Vingt dieux, que j'ai mis de temps à la trouver cette BD
Vingt dieux, ou plutôt vingt diables ça serait plus adapté.

Retour en arrière. Elle est sortie, après vérification en 2009 en France. Je l'avais vu en rayon, je l'avais feuilletée, j'avais été très attiré par son ambiance  sombre et violente et son choix graphique très spécial: trichromie  - blanc , noir et vermillon, rien d'autre.
Un mélange entre les angles de l'esthétique art déco, les motifs d'arabesques de l'art nouveau, et le comics underground.


Mais à ce moment là, chômage et tout ce qui s'ensuit, je n'avais pas vraiment les fonds nécessaires, et je l'ai reposée. Pour ne plus jamais la retrouver. Visiblement, même au rayon romans graphiques, le titre n'a pas été mis en avant, et a vite disparu. Au point que si je ne l'avais pas eu en main à ce moment là et s'il ne m'avait pas intriguée au point de garder le titre exact en main, je serais totalement passée à côté.

Il faut dire que non seulement, je l'ai dit, le graphisme est très spécial, mais en plus le scénario est très brumeux, voire opaque à la première lecture, et se découvre petit à petit, pour ne trouver d'explication qu'en toute fin, lorsqu'on se rend compte qu'en fait, tout ce qui précédait, une série de séquences qui paraissent sans lien, est un flashback.
réaction immédiate, il y 8 ans: putain, cette couverture claque!
Mais quelle est donc cette Chose Cruelle?

Un démon, tout de noir et de rouge vêtu. Ou dévêtu(e) assez souvent
Par convention, on va l'appeler un démon et utiliser le masculin, foutue langue française qui n' a pas de neutre,  bien que, et c'est là son problème, le personnage central n'a aucune idée de sa nature exacte. C'est cette quête d'identité, et d'autonomie, qui est retracée, dans le désordre.

On le découvre donc séquence après séquence, faisant ce que tout démon fait avec les humains: les attaquer et s'en repaître. Mais pas n'importe comment, c'est un démon incube, et donc, autant le dire de suite, cette BD est fortement teintée d'érotisme et de violence. Eros et Thanatos, le combo classique qui marche bien.

Car cette créature ambiguë, qui parait surpuissante au départ
ATTENTION SPOILER (mais je doute que vous arriviez à trouver le tome de toutes façons) est en fait un démon mineur désincarné, à la base, qui pour une raison quelconque s'est trouvé doté d'un corps et envoyé chez les humains par la "mère ombre" - avatar d'Hécate, ou de Nyx, ou de Kâli selon les lieux et les cultures - pour lui ramener cette énergie vitale.
Et pour lui aussi, cette collecte d'énergie est vitale, car c'est le seul moyen de garder la cohésion de cette multitude d'atomes agglomérés qui le composent.
En cas d'échec, game over et retour aux enfers parmi les autres sous-fifres sans corps.



Mais les bons éléments peuvent aussi parfois avoir des envies de rébellion ( et de déchiqueter sauvagement leur employeur, oui, c'est du vécu, ceci dit je n'ai encore démembré personne, dans la réalité je veux dire, dans ma tête par contre...)
aheum, donc

Revenons à la révolte, et pour la Chose Cruelle, qui s'est longtemps contentée de ressembler aux monstres des légendes, ça passera par le fait de se rendre compte de son potentiel individuel, cette capacité de "désagglomeration" lui permettant de changer d'apparence à son gré, homme, femme ou les deux à la fois, et le fait de ne pas être limité par la nuit ou les contingences du monde humain comme il l'a d'abord cru, et d'agir à sa guise.
D'abord prédateur sans distinction, qui répond juste à l'appel inconscient de ceux qui veulent le néant, il s'oriente peu à peu vers les humains les plus mesquins, peut-être que pour un démon, les gens les plus mauvais et les plus nocifs sont des mets de choix?

Victimes qu'il sélectionne en absorbant la mémoire ( par exemple une femme mourante qui vient de se jeter à l'eau en apprenant que son futur mari l'empoisonne peu à peu depuis des mois... quel tour particulièrement démoniaque, donc jouissif , que de prendre l'apparence de la suicidée pour aller cueillir l'énergie vitale du salaud).
Un démon... justicier malgré lui? Il y à la quelque chose de fort prometteur.

comme je ne trouve pas d'illustrations satisfaisantes du tome 1 et que j'ai la flemme de le photographier, mais malgré tout envie de partager cet univers graphique,voici une série d'image issues d'un jeu de tarot goodie à tirage très limité.Comme il est devenu introuvable, le dessinateur a mis l'intégralité des visuels des cartes en ligne sur la page Facebook dédié à la BD.

Un scénario très alambiqué et ambitieux donc, mais qui ne se laisse pas apprivoiser d'emblée, émaillé au départ d'une sorte de" voix off", car le personnage n'a pas d'intensité et donc pas encore de voix. Les dialogues apparaissent peu à peu, jusqu'à ce qu'il s'adresse directement au lecteur.
Et là, où on commence à se dire qu'on tient enfin le fil directeur, paf!Rideau.




Le gros souci  pour cette BD, est qu'elle a fait un flop (prévisible, vu le peu de mise en avant, et son ambition) en France, et que seul le tome un a été traduit.

Car beaucoup de questions restent encore en suspens, qui est la femme au dragon qui apparait de manière récurrente ? Pourquoi a t'elle un oeil rouge? Pourquoi semble-t-elle connaître cet anonyme " héros" qui ne se connaît pas lui même?
Qui est le type qui joue au billard et semble lui aussi avoir une nature démoniaque?
Est-ce que ces questions vont trouver une réponse par la suite?





Le lectorat français ne le saura probablement jamais.
Mais ... je ne l'avais pas dit, mais ce titre vient d'Argentine, où il a l'air d'avoir trouvé son public. Et il y a un tome 2 et même un tome 3. Apparemment il est sorti fin 2009 chez Norma, son éditeur espagnol, et je devine que je vais suer sang et eau pour me le procurer, il a l'air d'être épuisé partout, même en seconde main.

Et vous savez quoi?
J'ai appris l'espagnol. Et même s'il est fortement rouillé, avec un dictionnaire à portée demain, rien d'insurmontable.

Lorsque j'ai fait ma commande ( ne me demandez pas pourquoi, mais elle venait d'Allemagne) j'ai donc trouvé le tome 1en Français, et le tome 2 en espagnol. L'ensemble frais de port compris pour moins de 10€ ce qui était moins que le prix original de l'édition française. Je me dis que si je l'avais acheté à l'époque, c'est vrai, ça aurait fat une vente de plus. Mais quelque part une vente de plus n'aurais pas changé grand chose au niveau de l'éditeur et ne l'aurait pas convaincu de traduire le tome suivant.

celui là, vous l'avez déjà vu et vous le reverrez, parce que j'adore (avec en prime une ptite erreur sur l'orthographe en allemand, je viens juste de le remarquer)

Donc voilà, on aime ou on déteste, de mon côté j'ai beaucoup aimé. Comme souvent les choses qui sortent de l'ordinaire (dans un autre genre mais qui claque bien aussi, je kiffe Tank Girl).
et une petite ambiance musicale ( pas du tango, ça serait trop attendu..) parce que j'ai eu la surprise de voir cette chanson assez peu connue que j'aime beaucoup citée directement ( via un juke box qui la diffuse) et je trouve ce choix excellent, avec son ambiance rock un peu lancinant et son texte sensuel.

The Cult- Soul Asylum


D'ailleurs je me demande si l'apparence de.. la Chose, n'est pas un lointain clin d'oeil à Ian Astbury, chanteur de the Cult, qui arborait dans les années 80 de longs cheveux, un style androgyne, souvent des pantalons rayés, (et au passage, un beau gars avec des yeux magnifiques, vous connaissez maintenant mon genre! Quoique ses copains punks me plaisent bien aussi :D)

Et involontairement, voilà qui me permet d'ajouter un pays au challenge Amérique du Sud/ Amérique centrale: l'Argentine
Et de montrer que la bande dessinée argentine n'est pas circonscrite à Mafalda, même si j'adore ce strip faussement enfantin et totalement politique mais qu'il y a de la bande dessinée underground qui ne demande qu'à être connue.

dimanche 22 octobre 2017

La soupe " anti-vampires" ( tourin à l'ail)

Aujourd'hui, les sorcières cuisinent, et, au lieu des mets à la citrouille, j'ai bien envie de vous proposer ma soupe repousse-vampires, testée et approuvée: j'en mange régulièrement depuis mon enfance et je n'ai JAMAIS été mordue par un vampire, ce qui est une indéniable preuve de son efficacité! (par contre , zéro efficacité contre les moustiques hélas)

Vous l'aurez deviné, il s'agit de soupe à l'ail, moins connue que la soupe à l'oignon (mais j'ai toujours préférée celle à l'ail), et son vrai nom est " tourin blanchi à l'ail". En direct des grimoires de cuisine des années 70 de Nounou Ogg   Tatie Purple. Un casse-croute idéal avant de partir à la chasse aux vampires donc.

c'est plus fort que moi,j'aime, j'adore l'ail


Alors pour environ un litre de soupe, il vous faut:

- de l'ail. Mais une bonne dose! 20 gousses est un bon compte. A votre volonté, en fait. Les débutants pourront les égermer, les chasseurs aguerris ou les habitants du sud ( Est comme Ouest) ne feront pas cette hérésie. C'est au contraire une excellente solution pour écouler la tête d'ail oubliée au fond du panier à provisions et qui est devenue trop forte pour autre chose. L'ail va cuire pendant 20/30 minutes et donc perdre beaucoup de piquant.
- un peu d'huile d'olive ( une ou deux cuillères à soupe )
- de la farine ( ou épaississant ): une ou deux cuillère à soupe, en fonction de la quantité finale de soupe.
- 1 ou 2 oeufs ( pareil, ça dépend de la taille des oeufs)
- un peu de vinaigre
- de l'eau (environ un litre)
- des vermicelles, coquillettes ou autres pâtes à potage ( encore pareil, je ne vais pas me casser la tête avec les quantités, je le fais toujours au pif)
- du sel

1- peler et couper l'ail en petits morceaux. C'est là que les noobs vont devoir choisir entre les égermer ou pas!
2- dans une casserole d'au moins un litre, faire revenir à feu doux, les morceaux d'ail dans l'huile d'olive, 1 ou 2 minutes sans les griller ( attention, ça va très vite!)
3- délayer la farine dans un peu d'eau et l'ajouter à l'ail sauté.
4- ajouter le reste de l'eau, saler et faire cuire 20 à 25 minutes. Profiter de ce temps pour séparer le blanc des jaunes d'oeuf
Evidemment là, on n'a que du bouillon d'ail, ça manque de corps.

5 - La recette officielle dit d'ajouter les vermicelles. D'expérience, je déconseille, car il sera plus difficile de procéder à l'étape suivante.
5 bis - faire pocher le blanc d'oeuf dans le bouillon à l'ail. Une fois cuit ( c'est l'affaire de quelques secondes!), l'enlever et le réserver sur une assiette chaude.  Et si on a mis les vermicelles avant, ils vont coller à l'oeuf et il sera plus difficile de l'enlever sans embarquer des vermicelles en même temps.
6 - Une fois ôté le blanc d'oeuf poché, c'est le moment idéal pour ajouter les vermicelles et les faire cuire.
7- pendant que la cuisson finit, battre les jaunes d'oeuf avec un peu de vinaigre. Ajouter un peu de bouillon chaud pour délayer l'oeuf sans le cuire.
8- Hors du feu, rajouter le mélange oeuf et vinaigre dans la soupe ( qui blanchit instantanément, d'où son nom officiel ne me demandez pas quelle sont les règles de chimie à l'oeuvre là dedans )
9- servir en rajoutant le blanc d'oeuf poché.
Sel et poivre à votre goût, comme toujours. Les gourmands peuvent aussi rajouter du fromage, ça va très bien avec du parmesan par exemple!

et voilà le travail! ( bon les baies roses c'est juste une erreur, je voulais mettre un peu plus de poivre moulu et j'ai attrapé le pot d'à côté.  ça fait joli, mais ça ne va pas très bien avec la soupe au niveau du goût)


De mon côté quand j'en fais, c'est toujours un grand bol, voire un saladier, car, non, un litre de soupe à moi seule ne me fait pas peur, n'oublions pas qu'il s'agit en grande partie de bouillon à la flotte, mais évidemment je ne mange que ça et un fruit, c'est une recette finalement assez légère, digeste et complète ( ail/ eau/oeuf/vermicelles et éventuellement fromage).

Bon j'avoue certaines versions sont beaucoup moins légères :on trouve parfois l'emploi de graisse de canard au lieu d'huile d'olive, mais je suis du sud-est, pas du Gers ou des Landes. D'autres encore utilisent de la  mayonnaise. La version de Lautrec, si je me souviens bien. Pour le côté léger et digeste, on repassera!
On peut aussi remplacer les vermicelles par des tranches de pain rassis, ce que je ne fais jamais, je déteste le pain détrempé.

Mais dans tous les cas, gageons que comme moi, après ça, vous n'aurez pas à vous plaindre d'une attaque de vampire. Et probablement de personne d'autre non plus d'ailleurs. Non je plaisante, l'ail étant ultra cuit, ça se digère sans mal, a part de le craindre vraiment.

samedi 21 octobre 2017

L'Italie en musique (4) - Nino Rota et Ennio Morricone et...?


Pour cette journée musicale de la Semaine Italienne qui commence aujourd'hui ( proposée en marge du mois italien et de l'année italienne, je perds le fil des blogs pour savoir qui organise quoi, désolée), j'aurais pu parler de Vivaldi ou de Rossini, mais ce sont des sujets qui vont me demander trop de recherche sonore pour le moment.

Et j'avais en attente de finalisation ce sujet là, sur deux compositeurs majeurs de la musique de film, mais pas que: Nino Rota et Ennio Morriconne.
Tant pis pour l'ordre chronologique, après la Renaissance, Venise , Verdi, on part au XX°et XXI°siècle même puisque Morricone est toujours vivant et continue à composer et à diriger à 88 ans.
Et je lui souhaite de continuer encore longtemps!

J'ai rassemblé car ils ont un parcours proche: musiciens, chefs d'orchestres et compositeurs d'une quantité de choses très variées, mais les deux sont surtout connus mondialement pour leurs musiques de films. Et l'un comme l'autre on une très belle écriture particulièrement pour les instruments à vent, et ça évidemment, c'est un ++++ pour moi.

Après réflexion, j'ai rajouté un compositeur mystère

Nino Rota: Le parrain, La Strada, ou Amarcord. Ai-je besoin d'en dire plus?

Je dois vous avouer que je n'ai pas vu le Amarcord, mais la musique a réussi à faire son chemin hors du cinéma au point de devenir l'illustration sonore de l'idée d'Italie à force d'être utilisée pour des publicités pour pâtes, sauces ou .. croisières sur la Méditerranée.




Mais au delà du cinéma, il y a le reste, pas évident à trouver en ligne .Je vais donc vous faire connaître son concerto pour basson, hé oui...
Partie 1:
Partie 2:
Il y a quand même une grande parenté avec ses musiques de films.
Il va falloir que je me procure cette partition, le début est un peu difficile pour moi, mais les thèmes et variations devraient être plus abordables.

Mais sinon, Ennio Morricone, parce que ça fait des années que je meurs d'envie d'en jouer à l'orchestre et que j'ai enfin eu l'occasion cette année, parce que les westerns font partie de ma culture ciné (merci maman, oui je dois être une des rares petites filles qui regardait des westerns avec sa mère :D, même maintenant il nous arrive de sortir quand le contexte s'y prête " le monde se divise en deux catégories..."), et en particulier ceux de Leone, donc les bandes originales de Morricone font partie de ma culture musicale autant que la musique classique ou le Jazz..

Et que le thème de Jill, le thème de Cheyenne, l'homme à l'harmonica, le thème principal de "pour quelques dollars de plus " et sa montre, la musique très drôle de "mon nom est personne", et TOUTE la musique du "bon la brute et le truand" sont inoubliables.

Cheyenne (il était une fois dans l'ouest)



L'estasi dell'oro: Dans la vie, il y a deux sortes de personnes...
LA musique qui rendrait n'importe quoi épique



il triello:

Il y en a beaucoup d'autres, mais pour moi, ce sont les plus évocateurs. Sans ces compositions, les films auraient surement beaucoup moins marché tant l'adéquation entre les deux

Mais avant toute chose, Morricone a été compositeur de musique orchestrale, qu'il appelle musica assoluta ( musique absolue, car non liée à une commande particulière ou destinée à illustrer un film ou une pièce...)


Alors que les musiques de films sont appelées "colonne sonore". 
Je trouve ça très intéressant et pertinent. Considérer la musique non comme une illustration, mais comme un support de l'action. Une colonne... et dans le cas des films de Leone, elle est tellement imbriquée au film que celui -ci n'aurait pas, j'en suis absolument certaine, connu le même destin sans sa colonne vertébrale musicale.
Qui ,comme je le disais plus haut pour Amarcord, arrivent à prendre presque leur indépendance et à exister sans le film, alors que l'inverse est quasiment impossible. L'ensemble des musiques du bon, la Brute et le Truand est très plaisant à écouter à la file, comme une suite symphonique car il y a une réelle homogénéité des thèmes.

Corollaire de tout ça, il est très très difficile de trouver des exemples en ligne qui ne soient pas tirés d'un film. Mais j'ai quand même trouvé Voci dal Silenzio, oeuvre pour choeur et orchestre



Et coup de coeur immédiat car après l'accord de départ, ce sont les bassons qui ont la première mélodie :)

Reste le compositeur mystère du titre du billet.

Parce que je ne pouvais pas me résoudre à le laisser de côté bien qu'il soit né hors de la péninsule italienne, aux états unis, et donc officiellement américain, le petit Enrico, rebaptisé Henry est quand même devenu un compositeur majeur de la musique de films outre atlantique.
Vous l'avez reconnu?



Ce dernier morceau est super dur dans sa transcription pour instruments à vents, car les bassons et les cuivres sont loin d'être adaptés pou jouer un ostinato de cordes et batterie.
Mais comme ses deux presque compatriotes Mancini est un vrai plaisir à jouer en ensemble.
Un jour il va falloir que je réfléchisse à un sujet sur la diaspora italienne dans le cinéma americain, parce que quand même Martin Scorcese, Robert De Niro, Al Pacino, Sylvester Stallone, Frank Sinatra, Leonardo di Caprio et bien d'autres

dimanche 15 octobre 2017

Zombillénium ( filmd'animation 2017)

Hé oui, surprise!

Mon cinéma que j'aime le programmait aujourd'hui en avant première et en plus une place achetée une place offerte!
Voir en avant première un film pour 2,50€, elle est pas belle la vie mort?

Zombillénium, le film est donc l'adaptation libre de la BD du même titre, dont j'avais chroniqué le tome 1 et le tome 2. Géniale histoire qui en compte 3,et nous parle du marasme social et de la lutte des classes au travers d'un parc à thème dont les employés sont tous des monstres ou des morts-vivants.

Ce film est donc une adaptation, faite par le dessinateur Arthur de Pins lui même (autant dire que graphiquement,on est très très fidèle à la BD).
Revenons quelques années en arrière: Arthur de Pins avait collaboré et prêté sa galerie de monstres pour le clip de Nameless World de skip the Use.

 A cette occasion, j'avais trouvé que le graphisme se prêtait très bien à l'adaptation animée, et j'ai croisé les doigts pour avoir un long métrage ou une série, mettant en scène Gretchen, Francis, Sirius et leurs camarades.



Hop, le clip, le morceau est bien sympa et les détails comme le squelette de lapin suicidé ( haha, référence à Suicide Bunnies?) sont excellents.

Avec , très logiquement, Mat Bastard, chanteur noir du groupe qui personnifie Sirius, le squelette syndicaliste, militant de la cause noire américaine , mort dans les années 60 sur la chaise électrique (ce qu'il explique dans le tome 1). déjà, c'était assez sympa.

Et il s'avère que le clip était donc une sorte de test pour le film, qui sort au ciné ces jours -ci.


On reprend les mêmes (ou presque ) et on recommence. Parce que si les personnages principaux et le cadre sont à peu près les mêmes, les histories de la BD et du film diffèrent un peu.

On retrouve Francis, vampire sympathique de la vieille école - celle du Dracula de Christopher Lee-  et dirigeant du parc à thème "Zombillénium" ( situé dans la campagne du Pas-de-Calais, où la présence de ce parc à thématique fantastique déplait à certains superstitieux). Les problèmes économiques, le manque de rentabilité du parc et la lutte permanente avec la population hostile et superstitieuse est le sujet même de la BD.

Ici, on garde, le cadre "marasme économique", mais les péquenauds armés de fourches passent au second plan. Le centre du film, c'est la rivalité entre Francis, le directeur compréhensif mais vieillissant, et la jeune génération de vampires, menés billes en tête par Steven qui n'existe pas dans la BD.
Steven est arrogant, arriviste, narcissique, manipulateur et  insupportable, et désire plus que tout  imposer sa vision des choses: au fond du puis, les zombies has-been, exit " Zombillénium", place à un tout nouveau parc dédié entièrement aux vampires, et en particulier à sa gloire personnelle; et dont il serait évidemment directeur ( en plus, avec sa coupe gominée des années 50, on dirait Johnny Bravo en brun, bonjour la crédibilité!)

La lutte n'est plus tant extérieure qu'intérieure entre deux visions du monde du travail.
Entre les deux, un autre nouveau venu: Hector qui reprend à peu près le rôle du nouveau venu  dévolu à Aurélien, qui ne figure pas dans ce film.
Hector, l'inspecteur du travail borné et rigide, souhaite plus que tout faire fermer le parc, en gros pour que sa fille Lucie arrête de le tanner tous les week-ends pour y aller. Hector est veuf, et depuis la mort de sa femme passe son temps à bosser et laisse Lucie en pension toute la semaine. Il fait un travail qui ans le fond l'ennuie profondément, lui qui était  guitariste dans un groupe de rock, en ayant conscience d'être en plus un mauvais père.
Evidemment, lorsqu'il découvre la vraie nature des employés du parc, Francis le vampire se voir contraint de le mordre et de l'embaucher de force comme nouvel employé ( et comme Aurélien, mordu par un vampire et un loup garou, il ne devient, ni l'un ni l'autre).

Hector , venu pour faire fermer le parc, se voit donc obligé de se bouger les fesses pour le garder  ouvert et ne pas finir au placard en enfer: pas le choix, face aux velléités de Steven de transformer les lieux en parc mignon et pimpant pour vampires classieux qui transpirent des paillettes,(" cest ce que veut le public"), il va falloir remettre à flot l'attraction des zombies.
Alors il y a du bon et du moins bon, déjà. J'avais même un peu peur, les commentaires que j'ai vus suite aux projections test étant assez négatifs

Souvent limités d'ailleurs à " Y'a pas Aurélien, c'est nul".
Je serais plus nuancée: Il n'y a pas Aurélien, c'est dommage, mais pourquoi pas.
En revanche, il aurait été mieux de choisir pour Hector un autre type de transformation que ..exactement la même chose qu'Aurélien.quitte à se démarquer, autant le faire vraiment, sinon effectivement, autant garder le personnage de la BD, et, puisqu'il était séparé de sa femme, le doter d'un enfant, histoire d'avoir le personnage de petite fille en plus.
Don voilà, premier point, il n'y a pas Aurélien, et c'est dommage qu'Hector en soit le décalque, en moins convaincant.

Après je dirais que l'animation n'est pas toujours 100% excellente, la 3D n'est pas renversante en fait, et j'ai envie de dire que l'animation était plus aboutie sur le clip de Skip the Use.

Donc voilà les deux principaux points qui me gênent un peu. Je pourrais rajouter les voix de Sirius et Gretchen qui ne m'emballent pas, mais c'est un ressenti personnel.

Le positif: les nouveaux personnages sont assez réussis, que ce soit Cerbère qui garde la salle des machines (trois têtes: un dogue, un doberman et au milieu, un yorkshire. Devinez qui est le plus braillard?), ou Steven le frimeur, souvent tordant avec ses paillettes - car oui tout ce qui se paye la fiole du navrant Twillight a mon immédiate et entière adhésion.
Et on retrouve Gretchen,la sorcière au skate-balai, même si elle n'a ici qu'un rôle secondaire.Elle est aussi beaucoup plus tatouée et certains de ses tatouages, comment dire...hahaha, regardez bien la rose près de son poignet, aux pétales très suggestifs. Avec le carré de reines juste à côté on pourrait y voir une interprétation particulière.
C'est même étonnant que la censure l'ai laissée passer. Je trouve ça drôlissime, vu le nombre d'enfants qui étaient dans la salle.
Sinon j'ai adoré, et tout le monde aussi vu la rigolade dans la salle, la musique improvisée de départ à la retraite anticipée de Francis.

donc oui, il n'est pas parfait, mais si on mets de côté le ton plus enfantin du film que de la BD, il reste souvent hilarant.
Certes il n'y a pas Aurélien, et son remplaçant n'est pas super mais c'est un plaisir de Francis, Gretchen et Sirius.
D'ailleurs je parlais plus haut du clin d'oeil fait dans le clip de Skip the Use.
cette fois le clin d'oeil est inversé, puisque c'est Sirius qui dit " en fait, je n'ai jamais été militant noir américain, j'étais chanteur dans un groupe local, et je suis mort dans un accident de voiture en venant ici".
J'adore ce retournement ( et d'ailleurs on revoir au générique le lapin suicidé du clip.. après une série d'images qui pastichent la propagande soviétique).

Pour moi, malgré quelques petites réserves , c'est une réussite, et j'ai passé un bien bon moment, qui ne gâche en rien le plaisir d'attendre le tome 4 (je n'ai pas lu le 3, j'attends l'annonce du 4 pour le lire).
allez le voir, sinon Gretchen se fâche et ça fait des dégats

Peu d'images pour l'instant, vu que le film sort officiellement mercredi. J'illustrerai plus tard.




vendredi 13 octobre 2017

Vendredi 13 ( film 1980)

C'était le jour ou jamais, n'est-ce pas...

Et figurez vous que c'est en le regardant que je me suis rendue compte qu'en fait.. tadam! Je n'avais jamais vu le premier opus de ce qui est devenu une franchise, mais "Le tueur du vendredi" ( le second de la série, dont le titre est en anglais textuellement " vendredi 13 partie 2)



Et double surprise: ici pas de Jason, le tueur devenu iconique, mais, sans spoiler, quelqu'un d'autre. Jason n'est qu'un souvenir bizarrement renommé,  Jacky pour la version française.
Bon ok, dans les années 80 on faisait beaucoup ça et je rigole encore de " Michel Meilleurs" probablement le nom moins crédible pour un tueur en série de La nuit des Masques. Parce qu'évidemment Halloween, c'était trop peu connu pour être gardé en 78. Pourquoi pas "Carnaval" ou "Mardi gras" tant qu'on y est...
Donc ça se faisait beaucoup, mais il faudra qu'on m'explique en quoi Jacky sonne plus francophone que Jason, alors qu'il suffisait de ne pas le prononcer Djézonn, mais Jason, comme dans "Jason et les argonautes". Surtout qu'à côté en à Jack ( bien prononcer "Jacques!), mais Ned , Brenda, Bill, Steven qui ont échappé à la moulinette francisante. Va comprendre!

Enfin, donc Jason-Jacky est ... mort depuis longtemps quand commence le film. en 1958 précisément, il est mort noyé à 10 ou 11 ans en colonie de vacances pendant que les monos prenaient du bon temps, picolaient et fumaient des pétards.
L'année suivante a vu la colonie de vacances décimée par une série de meurtres aussi violents qu'inexpliqués, et n'a jamais ré-ouvert depuis.
Enfin, jusqu'en 1980 ou un dénommé Steven s'entête à vouloir la réouvrir, en se gardant bien d'avertir les nouveaux moniteurs de ce qui s'est passé une vingtaine d'années avant.
Evidemment, on se doute de suite de ce qui va se passer: une nouvelle vague de meurtres...
Et comment dire, ce premier opus a quand même assez mal vieilli malgré quelques bonnes idées ( l'identité du tueur en fait).
Ce n'est pas tant le film en lui même d'ailleurs qui pose problème que la vogue dont il a été à l'origine. Dans le contexte de 1980, oui pas de souci, il devait être un bon film de trouille. Depuis à force d'être imité, les ficelles scénaristiques paraissent grosses comme des câbles d'amarrage (le commentaire radio qui rappel que " hou, c'est vendredi 13 jour de chance ou de malchance, mais ici, c'est surtout le souvenir des sombres événements du passé... le vieux fou du quartier - à vélo, hahaha! - qui avertit tout le monde que la colo est maudite, vous allez tous mourir, je suis le messager de dieu venu vous prévenir, la pluie battante, les inévitables pannes électriques...

Tout celà a depuis été tellement copié , re -copié vu et re-vu que ce qui n'était pas encore cliché l'est devenu à force d'usure.
Autre souci, la musique de Manfredini qui copie aussi de manière très insistante celle de John Williams pour les dents de la Mer et celles de Bernard Hermann pour Psychose. Et ces ressemblances me gênent énormément.

Donc le film manque d'inventivité lorsqu'il copie et a perdu son inventivité  lorsqu'il a été copié. En fait il n'y a que le tueur qui fait preuve de créativité en variant à chaque nouveau crime son arme ( et j'avoue avoir quand même trouvé jouissif de voir cette bande de crétins se faire buter l'un après l'autre, malgré la présence d'un tout jeune Kevin Bacon)

Vous êtes tous tellement relous que ça sera un plaisir de vous voir crever, surtout toi, Ned.
La réalisation.. hé bien, elle n'est pas mauvaise, mais là encore pas de chance, en 78 il y a eu Halloween de Carpenter et en 80, Shining de Kubrick.
On ne peut pas faire l'impasse là dessus et sans être mauvais, force est de constater que Sean Cunningham n'est pas du niveau des deux précités.

Il lui manque exactement ce qui faisait la force de Carpenter et Kubrick: la profondeur de champ et le sens du cadrage, qui amènent une angoisse progressive et enferment les personnages  alors même qu'on montre un plan large, voire immense sur une forêt enneigée, une rue déserte ou un couloir immense. Il lui manque un vrai style.

Donc, et ça me navre de dire ça, mais ce premier film est, malgré son statut culte, assez mineur, et manque d'un vrai personnage à qui s'identifier ( Alice, ok, mais elle est assez terne, contrairement à Laurie ( Jaime Lee Curtis) dans Halloween.

Et dernier point ceux qui ont vu le film comprendront : cette dernière baston à hurler de rire, avec ce ralenti de la mort qui tue, et cette musique qui pète l'ambiance que le film avait enfin a peu près mis en place dans son dernier tiers lorsque la barque dérive sur le lac...

Donc voilà une demie déception par rapport à son statut de culte ( pas totale, car dans le fond, ne connaissant pas le réalisateur, je n'avais pas d'attente comme pour justement, Carpenter), j'ai quand même plusieurs fois regardé ma montre.

Maintenant il faudrait que je revoie donc  "le tueur du Vendredi" ( ce que les titres français sont kitsch quand même)

Curiosité à signaler:dans la version français, Bill est doublé par l'excellent Eric Legrand, qui a une voxographie impressionnante, et probablement un des meilleurs comédiens de doublages en activité en France mais reste pour moi malgré tout la voix de Seiya dans Saint Seiya ou d'André dans .. Lady Oscar ( encore un détail qui n'aide pas à prendre le film au sérieux dans la VF)

lundi 9 octobre 2017

Brûle, sorcière, brûle! - Abraham Merritt

Et voilà un livre que j'avais trouvé par hasard chez un bouquiniste, il risque d'être difficile de se le procurer autrement. L'édition est assez ancienne et l'auteur, contemporain de Lovecraft, est resté dans l'ombre de son illustre compatriote.



Pourtant vous connaissez peut-être, au moins de titre, La Nef d'Ishtar. Hé bien il s'agit du même auteur, plutôt axé SF et fantasy, mais qui nous propose ici une curieuse histoire, mélange de film noir et de fantastique dans le New-York des années 30 pourtant bien peu propice aux mystères et aux histoires de sorcellerie.Et qui évoque beaucoup plus spontanément le cadre d'une histoire de gangsters.

Et c'est d'ailleurs très précisément de cette manière que ça commence: un célèbre neurologue, le professeur Lowell, reçoit la visite d'un étrange patient, amené par le chef de la mafia locale, italien comme il se doit, et superstitieux bien évidemment.
Le malade est le bras droit du chef de gang, il est tombé d'un coup, en proie à une soudaine crise de terreur et depuis semble atteint de convulsions et presque de dédoublement de personnalité. Attaque cérébrale ou..autre chose?
Le malade passe vite de vie à trépas de manière incompréhensible, l'autopsie prouve qu'il était en bonne santé, il n'y a pas de trace empoisonnement ( la chose qui inquiétait Ricori, le chef mafieux, pensant que son associé pouvait avoir été victime d'une tentative d'assassinat dirigée.. plus haut). Seules bizarreries, l'analyse sanguine ( basique, on est en 1930!) montre au milieu des globules rouges et blancs, d'étranges globules brillants qui disparaissent rapidement, et la rigor mortis arrive vite, beaucoup trop vite pouvant évoquer un poison inconnu.

Devant ce mystère Lowell et Ricori vont donc conjointement mener une enquête, le médecin prenant en sympathie ce chef de gang très éloigné du cliché de brute épaisse que les journaux présentent.
Lowell découvre pas moins de 7 ou 8 morts suspectes présentant les mêmes symptômes, des gens aussi différents qu'une vielle dame, un riche banquier, une starlette, des artistes de cirque, une petite fille... qui n'ont pas de point commun, si ce n'est d'avoir peu avant leur mort fréquenté un magasin de jouet, tenu par Mrs Mandilip, fabricante de magnifiques poupées d'art, et sa sinistre nièce.

Mrs Mandilip est vieille, laide, géante... avec des yeux magnifiques, des mains splendides et une voix charmeuse qui ne collent pas à son physique.
Et il apparaît vite que le magasin et les poupées sont liées aux morts mystérieuses. Cas d'hypnose, pour le médecin qui voit en cette femme originale une serial killer particulièrement retorse; cas de sorcellerie pour Ricori, qui la considère comme une "strega", une sorcière. Diabolique très certainement, car les crimes n'en sont pas moins réels. Sorcière au sens propre, ou au sens figuré?

Et Merritt est assez futé pour ne pas trancher clairement, c'est au lecteur de se faire son opinion. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, vu la catégorie "pulp" du roman. On y trouve du bon et du moins bon, et celui-ci est une bonne pioche, qui brouille habilement les pistes sur son genre et sur son sujet. Avec une vieille sorcière bien méchante comme on n'en voit plus trop.

Un croisement improbable, mais réussi entre "Scarface" et"Chucky".
Déjà que je n'aimais pas les poupées et ce depuis toute petite, ce n'est certainement pas ce roman qui va me les faire apprécier :D
Et pour se faire une idée, la 4°de couv':

«La poupée escalada le lit et se laissa tomber sur le plancher. Elle tournait la tête à droite et à gauche, comme une fillette curieuse. Finalement, elle s'assit, ses yeux fixés sur les miens. Puis, lentement, elle allongea la main derrière son cou. Tout aussi lentement, elle ramena son bras.
Elle tenait dans sa main une longue aiguille... comme un poignard.»
Brrrrrr!