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Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

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lundi 17 avril 2017

La ménopause des fées tome 1 - Gudule

Je ne voulais quand même pas faire un zéro pointé pour le mois belge, alors, profitant d'un arrêt maladie qui m'a coincée quelques jours inopinément à la maison, j'ai un peu lu, vu quelques films,  pas mal fait le ménage et beaucoup procrastiné.

Il faut dire que cette année, je n'avais pas grand chose d'avance comme lectures belges, et je suis allée voir du côté des e-books que j'avais acheté l'an dernier lors d'une opé promotionnelle.
Bingo, j'avais ce tire ( que j'avais pris parce qu'il me faisait rire) de Gudule. J'avais déjà chroniqué un autre titre l'an dernier, va pour cette histoire de fée. Et je peux déjà vous dire qu'elle n'est pas franchement pour les enfants...




En effet, les temps sont durs pour les héros de la geste Arthurienne.

Après des siècles passés tranquillement dans sa forêt de Brocéliande, Merlin n'est plus le glorieux enchanteur qu'il a été. Lorsque la forêt est rasée, il part à Paris, pour squatter la station de métro Brocéliande ( baptisée ainsi pour calmer la fureur des écologistes après destruction de la vraie Brocéliande). Une station sordide, dans un coin assez mal famé, où Merlin, devenu SDF alcoolique et vaguement timbré, s'installe en compagnie de trois fées de 15 cms de haut qui n'ont rien à lui envier question déchéance: Vivi est devenue amatrice de calembours foireux depuis qu'elle a failli être assommée par un almanach Vermot. Ce qui est une lecture encore assez saine, en comparaison de celles de Morgane. Laquelle s'est auto rebaptisée Moorgën depuis qu'elle s'est pris de passion pour les thèses d'extrême droit. Et la dernière, Clochette, assume pleinement d'être une cochonne miniature, qui se fait passer pour une figurine dans le but d'être ramassée par gamin, qui la tripotera allègrement.
Un enchanteur alcoolique, une fée à l'humour douteu, une autre néo-nazie et une troisième perverse.  Avec en prime un chien galeux, que Merlin baptise " Excalibur". Ce petit monde vivote en paix, jusqu'au moment ou Merlin trouve la carte de transport d'une certaine " Linda Graal", coiffeuse dans un salon miteux de ce quartier pauvre. Ni une ni deux, le voila qui décide de partir non en quête du Graal, mais de "la" Graal. Qu'il découvre en train de manger un sandwich au bar le Celtic tenu par Geneviève Gloadec ( immédiatement intitulé Dame Guenièvre par Merlin de pochard), en compagnie d'Arthur Lancelot, chômeur et dealer de cannabis à ses heures, fournisseur attitré et amoureux pas très transi de ladite Linda.
Trop de coïncidence décide Merlin: c'est un signe, le signe que le destin veut revenir aux temps glorieux de la chevalerie, et qu'il va avoir, pour se réaliser, besoin d'un sérieux coup de pied au cul que se Merlin se charge de lui donner ( et par la même occasion, retrouver un peu de sa défunte gloire)
Sa solution: empêcher Arthur de conclure avec Linda - car la geste est très claire: ça n'est pas Arthur qui trouvera le graal - et dégotterle Perceval des temps nouveaux pour le conduire à faire un enfant à Linda. Et ça tombe bien, il y a pas loin un type à la retraite, délinquant pas juvénile du tout, tagueur sexagénaire, qui occupe ses journées à dessiner de poétiques forêts enchantées sur les murs. Connu dans le quartier comme  "le père Cheval", ancien facteur, comme on peut le deviner.

Et j'ai bien aimé cette histoire complètement foutraque, ce Merlin dérangé et ses fées vieillissantes qui ne valent pas mieux, cette population modeste, qui rejoue à son insu une histoire épique qu'elle ne soupçonne pas. Tout y est outré, caricaturé ( bien sûr, la shampooineuse Linda n'est pas très futée, bien sûr son patron est homosexuel, bien sûr Geneviève est à la fois femme d'affaire et indécrottable fleur bleue...) mais le mélange de dialogues populaires voire crus mélangés à une narration au contraire, volontiers grandiose par moments est bien drôle. Le propos est souvent cru, mais Gudule, c'est tout à son honneur, reste sur le fil de la familiarité sans sombrer dans la vulgarité facile, justement grâce à ce ton décalé.

Et j'apprécie énormément que le dessin de couverture soit de Jean Solé, comparse de feue Gudule à Fluide Glacial ( d'ailleurs, c'est là que j'ai lu son nom pour la première fois il y a des années, elle faisait souvent de petites chroniques dans le magasine). En fait tout au long de ma lecture, j'ai vraiment imaginé cette histoire en mode " BD trash". C'est très visuel et on sent bien que Gudule fréquentait régulièrement la bande de Fluide Glacial.

En tout cas, ça m'a bien plu, c'est tout sauf prise de tête, je lirai volontiers la suite quand j'aurais l'occasion.

Ah et oui, pour ceux qui se demandent la "ménopause " des fées, c'est la fin de leurs pouvoirs. Elles naissent avec un "stock" de magie, et plus elles l'utilisent, plus il s'amenuise, jusqu'à arriver à zéro au bout d'un moment. Et une fée sans pouvoir autant dire qu'elle perd sa fée-minité et qu'elle est bonne pour la retraite.


C'est trop tard pour le Challenge "lectures arthuriennes"qui a fini depuis au moins deux ans, et le blog qui l'organisait a disparu de la toile, dommage...

jeudi 6 avril 2017

Leonora Carrington ( 1917- 2011)

L'autre jour , comme je parlais des Gymnopédies de Satie pour le film Paris pieds nus, j'ai voulu vérifier l titre, et, en cherchant sur Youtube, je suis tombée sur un enregistrement illustré de peintures surréalistes de Leonora Carrington.

Je ne connaissais pas du tout cette dame, mais, en voyant qu'elle était née le 6 avril 1917, j'ai eu envie de vous la faire découvrir pour le centenaire de sa naissance.

Leonora Carrington est donc une peintre et écrivaine anglo-mexicaine, née en Angleterre, qui a vécu en Angleterre, en France, en Espagne, avant de partir pour le Mexique.
Sa peinture me parlait pourtant, pas en elle-même, je suis sûre de ne l'avaoir jamais vue auparavant, mais parce qu'elle me rappelait en particulier Max Ernst et bingo, Leonora  a vécu et travaillé un temps avec lui, l'influence est assez marquée..

J'aurais pu garder ce billet pour Halloween, vu le côté un peu monstrueux de sa peinture ( c'est peu dire que c'est un coup de coeur immédiat pour moi) mais autant marquer le coup du centenaire!

Reina de los mandriles
baño de pajaros

La maja del tarot
La danza de los espectros
une tentation de Saint Antoine qui évoque un peu Jérôme Bosch



operation wednesday ( là encore un petit côté Bosch, sur l'extraction de la pierre de folie)
Brujas juegan al cubilete

the ancestor

the cockrow

Pour les suivants, je n'ai pas trouvé le titre..

le personnage rappelle un peu les gravures aztèques

sur celui-ci, ce sont tout à fait les couleurs qu'on trouve souvent chez Max Ernst
un autre Saint Antoine, là encore il y a du Jérôme Bosch..
qui n'aurait pas renié ce petit monstre musicien
Je vous le dis, coup de coeur immédiat pour cette sarabande de fantômes et de monstres qui doivent autant à l'Europe qu'au folklore mexicain.
La plupart des images que j'ai sélectionnées datent des années 50 à 70, mais pour voir une évolution de son style par époques, c'est ici

samedi 1 avril 2017

Paris Pieds Nus ( film 2017)

Mois Japonais sur l'autre blog, mois belge sur celui-ci. et si j'avais pas mal de billets d'avance pour le mois japonais, en revanche, ce sera plus compliqué pour le mois belge.
et comme avec mon changement de travail, je n'ai ni vraiment le temps, ni vraiment le goût de lire pour le moment ( je lis beaucoup de dossiers et j'écris beaucoup de mails, dans le cadre de ce nouveau job, donc, le temps que ça se décante, je préfère.. faire autre chose de mon temps libre) et j'ai décidé que les prochaines semaines seraient plutôt axées cinéma.

Comme parfois, les choses se goupillent bien, c'est justement le moment où le cinéma d'à côté a décidé de programmer "Paris pieds nus", nouvelle comédie burlesque du duo fanataisiste belgo-canadien Dominique Abel et Fiona Gordon. Je les avais découverts il y a quelques années avec le délirant " l'Iceberg" où une femme coincée toute une nuit dans la chambre froide du restaurant où elle travaille. Le choc thermique lui causant un choc psychologique et une véritable obsession pour la neige, la glace et le pôle Nord.
Je n'ai pas vu les films suivants, qui n'ont pas été diffusés ici à ma connaissance, mais j'ai donc sauté sur l'occasion de voir un peu d'humour absurde en ce jour pluvieux.

l'affiche annonce la couleur, ou plutôt les couleurs, très présentes, très pimpantes

Un film donc belge, avec une actrice principale canadienne et qui se passe à Paris.

Fiona, rousse canadienne à lunettes vit au fin fond d'un coin paumé et couvert de neige du Canada. Une quarantaine d'années plus tôt, sa tante Martha, danseuse,  a tout plaqué pour aller faire carrière en France.

un coin paumé , neigeux.. et venteux!

Mais voilà, Martha a maintenant 88 ans, elle pète la forme, mais perd un peu la mémoire, et lance un SOS à sa nièce pour qu'elle viennent à sa rescousse: les assistants sociaux ont décidé qu'il était grand temps pour elle d'aller en maison de retraite, et Martha refuse absolument.

Ni une ni deux, voilà Fiona, qui n'a jamais quitté son coin, partie avec un sac à dos aussi grand qu'elle, surmonté d'un cocasse drapeau canadien, partie pour un périple parisien à la recherche de tante Martha qui, manque de chance, a décidé justement ce jour là de prendre la poudre d'escampette pour échapper à l'assistante sociale.
Sitôt arrivée, la malchanceuse Fiona se retrouve à l'eau en voulant se faire photographier au bord de la Seine - elle s'y retrouvera un certain nombre de fois!

deux secondes avant la catastrophe

Alors qu'elle est repêchée parun bateau mouche, son sac à dos coulé avec elle sera retrouvé par Dom, SDF un peu philosophe qui campe dans le coin, et fouille les poubelles des bateaux restaurants en fonction du menu qu'ils proposent. Aubaine: le sac contient quelques vêtements et de l'argent. Ni une ni deux, Dom vêtu d'un seyant pull moulant jaune canari trouvé dans les affaires de Fiona s'offre un repas de luxe sur l'un des bateaux, où , justement, Fiona crevée et dépitée après une première journée passée à chercher sa tante et à déclarer la perte de ses papiers, tentait d'oublier qu'elle se retrouve elle aussi à la rue, sans le sous, avec seulement un ticket restaurant donné par l'ambassade. Parce qu'elle ne comprend pas le français, elle ne refuse pas une danse à l'envahissant Dom, qui par conséquent, tombe raide dingue amoureux de la pauvre canadienne paumée, et va lui filer le train toute la journée , en version seau de glu ( c'est comme un pot de colle mais en XXL)
en parallèle, on va assister à la journée de Marthe et voir comment tout ce petit monde passe des heures durant séparé seulement de quelques rues, sans jamais le savoir.

Dit comme ça ça n'a l'air de rien, mais ce film est une pépite de bonne humeur. Par son sens du timing et des gags burlesques, que ce soit la manière ridicule dont Fiona se retrouve à l'eau plusieurs fois, le tango totalement décalé sur une musique électro dont les basses font trembler les murs et les gens, un éloge funèbre tout sauf conventionnel, Bob le Canadien de la Police montée,  tante MArtha malade après s'entre envoyé un pot entierde beurre de cacahuettes, la savoureuse référence à la Ruée vers l'or et à la danse des pains faite par Emmanuelle Riva et Pierre Richard ( un acteur que j'aime énormément et dont la carrière est bien plus intéressante maintenant que dans les années 70.Même si son rôle est très court, même en pyjama, il a une classe rare. Quand à feue Emmanuelle Riva, c'est un plaisir pour moi de voir que sa carrière ne s'est pas finie sur le très déprimant " Amour", mais sur ce film burlesque où elle incarne une mamie pétulante.)

Paris pieds nus, et Paris en chaussettes aussi

Les médias insistent sur une parenté de ce cinéma avec Pierre Etaix , Tati, ou Chaplin ( et pour le coup, la référence est même voulue) mais de mon côté c'est plutôt à Buster Keaton et Harold Lloyd que j'ai pensé. L'ascension nocturne de la tour Eiffel autant que les lunettes de Fiona m'ont vraiment fait penser à "Monte là dessus" Et ce n'est pas un mince compliment. En tout cas c'est un chouette hommage au cinéma burlesque et muet, avec ses gags très visuels. Je ne sais pas si les acteurs-metteurs en scène ont commencé par la danse, mais tout est chorégraphié minutieusement, et pas seulement les passages de danse. vu qu'un de leurs film précédents s'intitule rumba, ce n'est pas impossible.

Et quel plaisir, à la fois visuel et sonore que ce plan de l'aube parisienne vue depuis la Tour Eiffel, sur fond de Gymnopédie de Satie, un pur moment contemplatif comme j'aime ( d'où le "Pieds nus" du titre, pas seulement lié aux fait que Dom et Fiona se retrouvent régulièrement sans chaussures)

Donc tout ça pour dire que je conseille chaudement ce film atypique à tous les amateurs de spectacle visuel et d'humour absurde.
Car non le cinéma belge ne se limite pas au cinéma social des frères Dardenne pour ne citer que les réalisateurs les plus connus. C'est malheureusement trop rare que la programmation s'aventure hors des chemins battus et des noms les plus célèbres.

La bande annonce:



Et une interview de Fiona Gordon et Dominique Abel qui expliquent leur travail..


quoi de mieux pour commencer un mois belge un 1° avril qu'un film comique?