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lundi 29 février 2016

Serpentine - Mélanie Fazi

Je ne le fais pas souvent mais tous les mois, un livre commun est choisi sur le forum Babelio, une proposition de lecture commune.
Je ne le fais pas souvent disais-je parce que soit je n'ai pas le temps ( quand le livre choisi est trop épais), soit il ne m'intéresse pas, soit, simplement je ne l'ai pas sous la main.
Et pour une fois, non seulement je l'avais en attente depuis l'an dernier, mais en plus il s'agit de nouvelles, donc compatibles avec un emploi du temps .. de déménagement.

Enfin, j'ai quand même attendu la fin du mois pour rendre ma copie, vous noterez..

Serpentine est un recueil de 10 nouvelles fantastiques. Le fait est assez rare dans l'édition contemporaine pour être souligné, QUE du fantastique. Dans le sens que Todorov donne au terme: l'irruption d'un élément mystérieux, irrationnel dans un cadre fantastique, mais surtout perçu comme non naturel par les personnages eux même ( pour dire vite: l'irruption de la magie ou des fantômes par exemple dans un cadre réaliste, qui va surprendre le héros, signale qu'on est dans un cadre fantastique. S'il y a de la magie, des fantômes etc.. mais que tout le monde trouve ça normal, on est dans les domaines voisins du conte de fée, du mythe, de la fantasy etc.. j'aurais l'occasion d'y revenir, je pense)
Et Serpentine se situe exactement dans ce domaine fantastique, qui a connu des heures glorieuses au XIX°siècle, avant d'être dépassé par la science-fiction et l'avènement, justement de la fantasy. Les auteurs contemporains se situent plus souvent à la frontière de différents genres, ou panachent les genres au sein d'un même recueil.
Là, non.
Du fantastique.
Et ça fait plaisir!
Et non, contrairement à ce que tente de nous faire croire Folio, ce n'est PAS de la SF.

Comme dans tout recueil, il y a des nouvelles que j'ai aimé, voire beaucoup aimées, d'autres qui m'ont moins parlé, ou moins intéressée.

Serpentine: 
Serpentine est le nom du salon de Nikolai le tatoueur. Un tatoueur qui est en contact permanent avec 4 autres collègues, tous partagent des encres un peu spéciales, capables d'influencer la vie de la personne qui sera tatouée avec. Mais attention pour avoir droit au tatouage spécial, il faut avoir une histoire intéressante à raconter, un problème particulier à résoudre. Et être présenté par un client de l'un des 5, le tatoueur enverra alors le futur client chez celui qui sera le plus à même de résoudre son problème ou de lui apporter satisfaction. C'est ainsi que par l'entremise d'Imène, une femme terrifiée par la peur de mourir dans son sommeil qui a obtenu un tatouage supprimant chez elle tout besoin de dormir, que Joseph arrive chez Nikolai. Et lui offre ce défi, auquel l'orgueilleux tatoueur ne peut résister: "dessine moi une pulsion"

Elegie: un matin, deux enfants disparaissent sans laisser de trace. Tout le monde pense à un enlèvement sauf leur mère pour qui le coupable est tout trouvé: C'est la faute de l'arbre sur la colline, qui aspire les gens, d'ailleurs si on regarde attentivement l'écorce, on voit comme des formes de visages. Entité malfaisante, ou simple illusion d'une femme déboussolée?

Nous reprendre à la route: alors qu'elle voyageait en bus vers Strasbourg, Anouk a été oubliée sur une aire d'autoroute. Ce qui est d'autant plus incompréhensible qu'elle ne se souvient même pas être descendue du bus, l'avoir vu partir ou même avoir bougé de devant la station service ou elle rencontre Leonore la punkette, qui va l'aider à se sortir de ce mauvais pas.

Rêve de cendre: Lorsqu'elle avait 7 ans, la petite Bérénice a vu dans une feu de cheminée un phénix et a voulu l'attraper, se brûlant gravement. Mais elle y croit dur comme fer, la marque de brûlure sur son bras est la preuve de son existence, un jour l'oiseau va revenir, et dans l'espoir de le revoir, la gamine développe une fascination maladive pour le feu, qui pourrait bien un jour virer à la pyromanie au grand dam d'une famille de plus en plus dépassée par la bizarrerie de leur cadette.

Matilda: Matilda était une chanteuse, une vedette, qui a arrêté sa carrière brutalement au désespoir de ses fans, lorsqu'elle a été victime d'une agression. On l'a même crue morte un moment. Un admirateur déséquilibré a tenté de la tuer en la poignardant. Mais Matilda revient sur scène... vivante, mais comme morte intérieurement, une pareille expérience l'a forcément changée. Ce n'est plus la même Matilda, ça s'entend dans son interprétation de ses chansons  elle revient pour retrouver la personne qui lui a fait ça... et la faire payer.
(nota: le type de musique du groupe de Matilda n'est jamais mentionné, on sait juste qu'elle est américaine mais je ne sais pas pourquoi, la description de l'importance de la voix, de la chanteuse qui donne tout ce qu'elle a... dans mon idée, ce ne peut être qu'un groupe de jazz. C'est Nina Simone qui s'est imposée dans mon esprit, pour la voix. Avec un peu de People are strange ou Alabama song version Doors, et un rien de Tango till they're sore de Tom Waits pour le côté déglingué qu'on devine dans les chansons)

Mémoire des herbes aromatiques: La taverne de Colchide, un restaurant grec au décor de carton pâte, mais où l'on sert une nourriture des plus authentiques. Le vrai goût de la cuisine antique, préparée par Médée, servie par Circé. D'ailleurs les amateurs ne s'y trompent pas et parmi les clients anonymes , parfois, un immortel vient se rappeler le bon vieux temps. Le nouveau client qui vient d'entrer sur les conseils de Promethée, sans savoir qui est la propriétaire, se nomme Odysseus. Or entre lui et Circé, un vieux contentieux n'a pas vraiment été réglé...

Petit Théâtre de Rame: une soirée ordinaire dans un métro parisien. un photographe amateur à la recherche de l'insolite quotidien, une adolescente en charge d'une petite demi-soeur tardive qu'elle a encore du mal à intégrer à sa vie, et une chanteuse de métro se croisent. Entre eux un dénominateur commun: le type aux vêtements trop grands accompagné de son chien que personne, sauf eux trois ont remarqué. Qui peut-il être, et qu'a-t-il en commun avec les trois autres, pourquoi son image est-elle aussi différente dans la réalité et sur la photo?

Le faiseur de pluie: Ingrid et Noël sont deux enfants, des cousins en vacances en Italie dans la grande maison de la nonna qui est morte quelques mois plus tôt. Ils ne le savent pas encore, mais c'est le dernier été qu'ils vont y passer, les parents ont décidé de vendre la maison familiale. Et justement cet été là est incroyablement pluvieux, impossible de jouer dehors alors pour passer le temps, inspirés par leur oncle qui leur a raconté qu'une tradition italienne veut que les maisons anciennes soit toutes habitées par un esprit protecteur, même que leur grand-père prétendait l'avoir vu, ils s'amusent a dessiner l'esprit, surnommé "le faiseur de pluie". Or voilà que le lendemain, le faiseur de pluie leur apparaît, en tout point semblable au dessin de Noël, et il a un service à leur demander...

Le passeur: Anton est peintre et dessinateur.. il ne pratique plus depuis qu'il a assassiné Rebecca, sa maîtresse, son modèle et sa muse. Une zonarde, en rupture avec sa famille et ses anciens amis qui n'avait aucun lien avec personne , et dont la disparition est passée totalement inaperçue. Mais Rebecca le hante, sinon physiquement, du moins mentalement, et demande à ne pas être oubliée...

Ghost Town blues:  Ambiance western cette fois, dans une petite ville américaine, une de ces villes champignons apparues soudainement lors de la conquête de l'Ouest, pour disparaître aussi vite. Une ville sans mémoire, où seuls quelques habitants se risquent dans les rues à la nuit tombée. Où parfois un voyageur égaré vient prendre un repas et une chambre au saloon, mais gare à lui s'il est repéré par "le brelan d'As", trois joueurs de poker qui ne le laisseront pas repartir aussi facilement que ça..

Alors pour commencer avec les choses que j'ai le moins appréciées: la narration à la première personne. Je comprend le concept, placer le lecteur immédiatement dans la situation du narrateur, lui faire voir les choses de son point de vue, mais c'est un procédé narratif auquel j'accroche difficilement. Malheureusement, c'est celui de beaucoup d'auteurs récents que j'ai lus. Parfois ça passe, parfois pour peu que je n'accroche pas plus que ça aux problèmes du narrateur - voire que je m 'en fous carrément, disons le - ça me conduira encore plus vite à l'ennui qui ne m'aurait pas submergée si je n'avais pas été en quelque sorte "obligée" de voir les choses à leur façon.
Ici c'est le cas pour Elegie et pour Rêve de Cendres. En fait, cet artifice narratif va passer pour un roman assez long lorsqu'on a le temps de voir d'autres personnages, même au travers du regard du narrateur, ou au contraire pour les nouvelles très courtes se passant sur un laps de temps de quelques heures (Ca marche pour Matilda, la durée d'un concert, vu par les yeux d'une fan, voire pour Serpentine, et Petit Théâtre,quelques heures aussi.. là, pas besoin de multiplier les points de vue, puisque l'action est concentrée)

Par contre dans les deux cas précités, plusieurs mois pour Elegie, dix ans pour Rêve, ça coince un peu, car l'évolution mentale du personnage est limitée dans les quelques pages de na nouvelles. Du coup, on ressent mal le désarroi de la mère et les différents états d'esprits par lesquels elle devrait passer, et Bérénice n'évolue pas d'un iota dans sa tête en dix ans. Et ce d'autant que ce sont les nouvelles où le doute sur la santé mentale des héros est le plus présent. Ca donne l'impression qu'ils basculent dans la folie du jour au lendemain, sans gradation et... du coup ça ne prend pas avec moi. alors qu'une narration externe aurait mieux marché pour moi. Dans le Horla de Maupassant, on sentait ce basculement graduel vers le dérangement mental.. mais la nouvelle était longue et donnait le temps suffisant à son narrateur d'évoluer. C'est ce qui manquait à ces deux titres là.

Tandis que pour les nouvelles condensées sur un laps de temps court, ça ne me choque pas, ça marche même particulièrement pour Petit Théâtre, dont chaque partie est une plongée dans un instant de chacun des 4 personnages qui se croisent, le résultat est fluide et particulièrement agréable.
J'ai beaucoup, mais alors beaucoup aimé aussi Mémoire des herbes aromatiques, parce qu'on sent, sur quelques heures, l'évolution dans la tête de Circé, les différentes pensées qui se bousculent sous son crâne, face à quelqu'un à qui elle en veut encore. Et puis donner la parole à un personnage secondaire de l'Odyssée pour lui laisser la possibilité de raconter l'histoire à sa façon, ça me plaît, forcément.
J'ai aussi beaucoup aimé Nous reprendre à la route, avec sa drôlatique danse macabre de fantômes en bordure d'autoroute au son de Jig of life de Kate Bush. C'est le genre d'humour que j'aime.
Matilda et Serpentine sont sympa, mystérieuses, bien dosées, mais j'ai juste un peu moins accroché.
Et encore moins au Passeur:  pour celui là la raison est simple. Il est antérieur à Serpentine, et semble en être un premier jet (Anton, comme Joseph dans Serpentine, va se faire tatouer son obsession) et donc le fait d'associer dans une recueil deux nouvelles aux thèmes proches n'est pas à l'avantage de la plus ancienne, qui vraiment ressemble à une ébauche que Serpentine aurait développée

Le faiseur de pluie, je le mets à part, c'est la seule nouvelle du recueil qui soit à la narration impersonnelle et il n'y a pas à tortiller, je préfère ça, largement. J'ai l'impression d'avoir plus de liberté pour me faire mon tableau mental.
Pareil pour Ghost Town Blues, variation sur le  vampirisme et la mémoire narrée à la première personne certes, au début en tout cas par le barman, extérieur au " Brelan d'as" qui raconte donc ce qui se passe sous ses yeux. La nouvelle est une des plus anciennes, donc moins aboutie que d'autres, mais pareil, je préfère ce système de narration extérieure

Après, j'ai bien aimé globalement, malgré les quelques petits bémols que j'ai mis sur deux des 10 nouvelles. Parce que l'auteur a un talent narratif intéressant. Ne pas confondre le talent narratif et le parti pris narratif, dans ma tête c'est différent, l'un étant l'art et la manière de raconter une histoire - et pour ça elle se défend bien - le second plutôt l'angle d'approche de l'histoire en question. Ce n'est pas parce que je n'adhère pas par moment à ce choix que je ne vois pas la qualité de l'écriture. Et il y a un fil directeur entre les nouvelles qui en fait un recueil agréable à lire et homogène, qui au delà des sujets fantastiques, tournent presque toutes autour de la mémoire: mémoire qu'on voudrait retrouver, qu'on préfèrerait perdre, événement traumatisés qui se gravent dans le corps à jamais

Une écrivaine à suivre, donc, d'autant quelle aborde à l'époque contemporaine un genre dont je suis particulièrement friande.

dimanche 21 février 2016

Demain les chiens - Clifford D Simak

Une de mes propositions " découverte" pour le challenge geek de l'an dernier, mais faute de temps je n'ai pas pu le lire en 2015. Pas grave, tout vient à point à qui sait attendre

Et encore un titre très connu que je n'avais pas lu. A propos de titre, je suis souvent étonnée de la " créativité" des titres français donnés aux livres de SF étrangers. Parfois dans le bon sens du terme ( je l'ai déjà dit au sujet de Ray Bradbury) parfois ... beaucoup moins (  l'exemple type:"starship troopers" qui devient " étoiles, garde-à-vous"), mais très souvent éloigné. "Demain les chiens" est donc l'exacte traduction de " City". a croire que " La ville" c'était trop simple. Mais bon, j'aime bien le titre français, intrigant, même s'il est très éloigné de ce que l'auteur avait décidé de mettre en avant, il n'est pas totalement hors-sujet.
Car il y a une foule de thèmes dans ce recueil de nouvelles, même presque trop car j'y ai parfois un peu perdu le fil: l'exode citadin ( l'inverse de l'exode rural si vous voulez), la mécanisation  de la société et du travail, les mutants, les voyages spatiaux, les robots les univers parallèles.. A croire que Simak a essayé de mettre là dedans tous les grands sujets classiques de la SF. Ca reste maîtrisé, et cohérent,mais c'est parfois touffu et un peu complexe à suivre temporellement.
Illustration sympa, mais trompeuse, les chiens dont il va être question apprennent à parler, mais restent sur quatre pattes et se voient dotés de robots assistants personnels (qui peuvent en fabriquer d'autres génération après génération) pour pallier leur manque de mains.

L'auteur imagine donc qu'un jour, les humains lassés de vivre entassés dans les villes décident de partir massivement vivre à la campagne, chose rendue possible par la modernisation de la propulsion nucléaire: chacun ayant maintenant des moyens de transports ultra rapide, la ville n'est plus que l'endroit où l'on vient travailler.. ( 1° nouvelle - La Cité)
Et l'auteur va tirer ce fil directeur jusqu'au bout de sa logique en imaginant ce qui pourrait découler de cette situation.
D'une part des humains complètement repliés sur eux-même qui refusent de bouger de leur coin de cambrousse ( y compris les plus extrémistes des indépendants qui vont s'isoler complètement, muter et devenir quasiment une espèce à part) de l'autre, l'exode poussé au bout de sa logique: quitter la Terre,pour aller explorer d'autres planètes.

Et donc de nouvelle en nouvelle, on va retrouver l'évolution humaine - ou la régression selon l'angle de vue adopté, au travers d'un représentant de la famille Webster, par bond temporel de plusieurs siècles.

La cité se passe dans les années 90, la seconde nouvelle "la Tanière" se passe deux siècle plus tard: Les humains ont colonisé Mars, découvert un peuple autochtone de martiens dont la spécialité est la philosophie, et les ont étudiés au point de devenir les meilleurs spécialistes de physiologie martienne. Or le plus grand spécialiste terrien de médecine martienne,Jerôme Webster est requis pour aller opéré le plus important philosophe martien, Juwain, qui vient de découvrir un concept philosophique qui va révolutionner le système solaire entier, faire progresser l'ensemble des peuples des différentes planètes ers une avenir meilleur, mais risque de mourir avant d'avoir eu le temps de complier ses découvertes. Problème: a force de rester cloîtré chez lui, Jérôme est devenu un sociopathe total, et souffre d'une agoraphobie maladive. enchaîné à la maison familiale comme une patelle à son rocher. Il n'ira pas, Juwain, meurt, et de cette lâcheté primordiale vont découler les problèmes de la famille Webster, chaque génération suivante portant encore la honte de la défection de Jérôme.

Le recensement (3° nouvelle) se passe une cinquantaine d'année, la famille Webster, toujours aussi repliée sur elle-même, d'autant qu'elle se voit encore reprocher la mort de Juwain qui aurait pu être évitée, est maintenant représentée par Thomas, qui mène des expérience sur les chiens: il en a opéré quelques uns qu'il a doté de cordes vocales de type humain et espère que la modification prendra un caractère héréditaire ( oui, bon, une petite suspension d'incrédulité sur l''hérédité des caractères acquis est nécessaire là...). En parallèle, les humains mutants, toujours plus individualistes semblent avoir acquis des capacités intellectuelles surprenantes en plus d'une longévité de plusieurs siècles. Joe le mutant commence à essayer d'apprendre un rudiment de civilisation aux fourmis. Ces électrons libres étant incontrôlables car trop malins pour des humains normaux, ce sera donc aux chiens mutant de les surveiller pour le compte des humains.

Les déserteurs nous envoie encore quelques siècles plus tard. Le Webster du moment est devenu président du comité mondial, ce qui ne représente pas grand chose, vu qu'un nombre croissant de gens partent à la découverte des autres planètes. Une nouvelle technologie a été développée qui permet de transformer les corps terriens ( humains ou autres) en espèces locales parfaitement adaptées à l'exploration des autres planètes. Vénus a été conquise, Pluton est en passe de l'être, mais Jupiter la gazeuse pose toujours problème. Un dénommé Fowler finit par y aller en compagnie de son chien, transformés en "galopeur", créture jovienne parfaitement adaptée aux hautes pressions et aux vents joviens. Fowler apportera le résultat de son enquête dans la 5° nouvelle " le Paradis": Jupiter est un paradis, pour peu qu'on y aille sous forme de galopeur. Tellement qu'il ne veut plus revenir et que peu à peu les humains quittent en masse la Terre, pour aller coloniser les autres planètes transformés en créatures autochtone,  c'est donc purement la fin des humains tels qu'on les connais: les uns, changés en espèces extraterrestres n'en sont plus, les mutants poussent les humains à partir pour rester maîtres de la Terre, et les quelques humains " classiques" restés se sont rassemblés à Genève, dernière ville terrienne, où il y a d'ailleurs de moins en moins de monde, la plupart des gens oisifs, décidant de s'enfermer dans un sommeil prolongé surveillé par des robots afin de passer leur temps à dormir et à rêver, d'autres rejouant la préhistoire dans les Alpes pour occuper un temps laissé libre par le travail désormais entièrement dévolu aux robots ( 6° histoire: " le passe-temps").

Il reste encore 2 nouvelles: "Esope" et " Un moyen-bien simple", ainsi qu'un épilogue paru quelques années après le cycle, je n'en parlerai pas pour ne pas dévoiler la conclusion, mais elle est énorme, et très logique, même si le point de départ de la Cité ne laissait pas présager de tout ça.
Les premières nouvelles ne payent pas de mine ( ce que confirment d'ailleurs les deux avant-propos, l'un de Simak lui-même, l'autre de Robert Silverberg, fournis en appendice dans l'édition que j'ai lue), mais vont crescendo. Les nouvelles à l'origine publiées séparément son reliées entre elles de manière maline, qui laisse comprendre que l'humanité a déserté les lieu, laissant la place aux chiens comme espèce dominante mondialement qui ont établi leur propre civilisation, et compilé ces nouvelles comme autant de contes traditionnels expliquant l'origine canine et l'apparition de la parole. Les exégètes canins ne sont pas d'accord entre eux, certains y voient une pure légende, d'autre la trace d'une civilisation pré-canine dont toute trace aurait été perdue.

J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce recueil de nouvelles, parce qu'elles sont homogènes, suivent un fil logique qui en fait presque un roman, comme c'était le cas avec les Chroniques Martiennes de Bradbury, et ça n'est pas une mince comparaison de ma part. Oui, je le met "quasiment" au niveau des Chroniques,  au niveau narratif global, mais pas tout à fait, car un peu trop de thèmes, qui font que parfois, on a du mal à voir ou Simak veut en venir. Je me demande vraiment s'il avait déjà l'intégralité des nouvelles en tête lorsqu'il a commencé "la cité" ou s'il s'est laisser mener par son sujet de base sans savoir lui même jusqu'où il allait pouvoir le mener. Dans les deux cas, c'est réussi, mais ça serait intéressant à savoir (le résultat est le même mais le processus différent, vision globale dès l'origine ou expérience narrative, les deux sont passionnants. De mon point de vue, je dirais que peut-être les deux ou trois premières étaient pensées sans imaginer une conclusion précises, et qu'ensuite Simak a dû envisager plusieurs voies possibles et en sélectionner une ( à cause de Joe, le mutant qui n'est pas très important au départ, et acquiert un statut de personnage important à partir du recensement, c'est d'ailleurs le seul personnage récurrent avec Jenkins le robot, Joe a une longévité surhumaine, Jenkins est immortel et peut remplacer ses pièces en cas de besoin)

Et même ça, cette incertitude du processus, j'adore!

vendredi 19 février 2016

Liquidations à la grecque - Petros Markaris

Première lecture grecque de l'année, finalement, ça n'aura pas été du théâtre classique, mais un roman policier en lecture commune ( mais évidemment je rends ma copie en retard, pour changer. Mais j'ai une excuse, il n'était pas immédiatement disponible à la bibliothèque, il a fallu que j'attende son retour).
donc, cette année je fais le grand écart, après avoir découvert le policier scandinave via Henning Mankell, je file à l'autre bout de l'Europe avec Petros Markaris.

Et étonnamment, j'ai trouvé une parenté entre le très nordique Meurtriers sans visage et le très méditerrannéen Liquidations à la grecque. Pourtant il y a un monde et une époque entre les deux ( années 80 pour Mankell, 2010 pour Markaris), mais certains thèmes abordés se répondent via la crise migratoire et le sous contexte social et politique des deux oeuvres, et l'attention portée à décrire la vie au quotidien du commissariat et les problèmes très concrets auxquels la police doit faire face et qui ralentissent son enquête. Je pourrais rajouter humoristiquement la consommation de café par litres dans les deux cas...

Une histoire complètement contemporaine donc pour Markaris. L'auteur a un certain nombre de roman à son actif mettant en scène ne commisaire Kostas Charistos, mais c'est pour moi une découverte. Liquidations est en fait le premier tome d'un triptyque " trilogie de la crise", du coup, un début de cycle, et ça tombe bien pour moi.

Dans une Grèce en banqueroute, le commissaire Charitos mène une enquête sur une série de meurtre visant des banquiers ou ex-banquiers. Des requins de la finance. Des corrompus. Parallèlement - mais on devine vite que les deux affaires sont liées, un anonyme vite surnommé " Robin des banques" placarde des affiches un peu partout dans Athènes appelant les emprunteurs à ne pas rembourser leur dettes. Tandis que la vilel est quotidiennement perturbée par des embouteillages et des manifestations contre la politique d'austérité.

Au delà de l'enquête policière sympathique ( mais qui manque de suspects, ce qui fait que l'habitué-e des romans policiers aura assez vite cerné qui est ou sont les criminel-s), c'est l'ambiance en général que j'ai bien appréciée: caustique à souhait, et teintée d'un humour souvent noir vis-à-vis de la commission européenne et ses envoyés, et du monde de la finance en général. a l'image de cette boutade du gendre du commissaire qui lui conseille de prendre une voiture espagnole car " entre pauvres il faut s'entraîder", les pays en difficulté (Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne), les PIIGS, S pour Spain,  sont logiquement et cyniquement surnommés les "cochons de l'Europe".
La corruption est à tous les niveaux, représentés par une foule de personnages secondaires: le gauchiste qui a connu la prison sous le régime des colonels rappelle qu'elle était déjà bien installée à l'époque, la hiérarchie administrative est souvent brocardée par les adjoints policier, qui voient leurs primes fondre comme neige au soleil, tandis que les aides économiques qui devaient servir à redresser les finances du pays sont distribuées aux banques et que le citoyen grec n'en voit pas la couleur. La corruption est aussi représentée par Haris Tsolakis, l'ancien athlète qui est aussi ruiné physiquement que l'est le pays: cloué dans un fauteuil roulant, avec un foie détruit par l'abus d'anabolisants. A vivre sans se soucier du lendemain, a vouloir toujours plus, mieux, tout de suite, on finit toujours ruiné, que ce soit individuellement ou collectivement.

Une jolie découverte, malgré une enquête policière un peu facile à deviner, mais je lirai donc prochainement la suite de cette trilogie de la crise.

dimanche 14 février 2016

Saint Baratin..

Haha, vous croyiez que je n'allais pas faire de sarcasme cette année?

C'est vrai qu'avec la crise depuis quelques années, les vitrines du centre ville sont de moins en moins roses et dégoulinantes que les autres années.
 Qu'elles se limitent à des promos sur les bijoux, les fleurs et la lingerie, mais il y a encore peu, tout ou presque faisait son opération marketing cupidonesque " si tu ne viens pas chez moi claquer tout ton salaire, tu n'est qu'un(e) minable qui ne mérite que d'être plaqué(e)"
Vous pensiez que j'allais être trop occupée par mon déménagement ( voir précédent sujet) pour m'en préoccuper, que peut être même, ce déménagement est un prélude à un emménagement chez un charmant monsieur?

Hahaha, ...non!

Mais oui, c'est facile, la fête en question est à l'agonie, la faute au temps gris, aux soldes qui se prolongent jusqu'au 16, à la morosité ambiante, c'est un peu tirer sur un corbillard..

Mais j'vais me gêner, tiens!

En fait, j'avais prévu un sujet " Zombie thérapie", une histoire de réconciliation familiale sur fond d'apocalypse zombie pour aujourd'hui, mais j'ai été prise de court par les événement extérieurs, donc il faudra encore attendre un peu pour le livre..
Mais pour rester dans la thématique de la journée des coeurs.. de petites cartes gores
rhaaa! sang et tripailles!


enfin, c'est bientôt fini, on a encore 365 jours (oui oui, en comptant le 29 février) de répit pour se préoccuper de nos cerveaux..
quoi que..
Hé, non, mauvaise idée, mauvais idée!