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vendredi 20 novembre 2015

L'art et la manière... de le regarder - Hubert Comte

Un tout petit livre trouvé par hasard dans la salle des employés du musée où je travaille: nous avons une étagère en salle d pause, où chacun laisse à libre disposition revues et livres dont il n'a plus l'utilité, ou qu'il n'a pas aimé, au cas où ils intéresseraient quelqu'un d'autre. Une des rares choses sympa à mon travail. Et ça permet d'occuper un peu les longues journées en cette saison où il n'est pas rare d'avoir seulement 10 visiteurs dans la journée. Tout en améliorant nos connaissances dans notre domaine de travail.
Editions Volets Verts ( ça ne se voit pas bien)

Je n'avais pas entendu parler de cet auteur, qui a écrit plusieurs essais sur l'art, je viens de voir un blog qui lui est dédié avec une bibliographie complète.

Ce petit livre donc est destiné a priori a un public qui ne fréquente pas les musées, par manque de temps, par timidité devant un lieu parfois trop impressionnant qu'il ne sait pas trop par quel bout commencer.
Mais aussi éventuellement aux professeurs ou animateurs désireux d'amener leurs élèves à la découverte des musées. Hubert comte répond donc de manière simple aux questions que l'on peut se poser: comment aborder le musée proprement dit, comment faire aimer l'art, comment l'aborder, et au fait , à quoi sert l'art? quelle est la meilleure distance pour observer un tableau, une statue... quelques conseils simples comme tourner autour d'une statue par exemple s'il y a la possibilité, pour regarder les jeux de lumière à la surface de la matière, où d'amener quelqu'un à l'art parfois par un chemin inattendu il cite l'exemple d'un jeune homme en formation pour devenir poissonnier qui est tombé à sa première visite du Louvre en arrêt devant la nature morte à la raie de Chardin, trouvant de lui -même une porte d'entrée qui l'a peut-être amené un jour à aller vers d'autres natures mortes ou vers les marines...

Il raconte aussi comment lui-même a découvert le monde des musées par hasard: parce qu'une institutrice lui avait raconté de manière passionnante le monde gaulois et romain, il a voulu voir s'il restait des traces de cette époque, et son père l'a amené au musée local voir la section gallo romaine, les monnaies, les sculptures trouvées dans sa région.

Un chose qui m'a interpellée à un moment, parce que ça fait écho à ce que je vis tous les jours: il parle des photographes ( photos sur pellicules encore en 1996 quand le livre a été écrit) qui photographient tout... et ne regardent rien. Avec le numérique et les smartphones, j'en vois tous les jours des comme ça: ils font le tour du musée, photographient tout, parfois sans exception, titres compris.. et se retrouvent après avoir vu 2 salles -la conformation du musée ou je travaille, autour d'un escalier à vis, fait qu'en quittant la salle 11 on doit monter l'escalier pour aller en salle 12, si on continue on a fait un tour complet de l'étage et on se retrouve en salle 8. Nous sommes là pour indiquer aux gens qu'il faut monter à l'étage d'ailleurs. Et tout les jours ils y en a qui reviennent sur leur pas, persuadés de n'avoir pas vu la salle 8, simplement parce qu'ils étaient trop occupés à la photographier sous tous les angles. Ou à la traverser sans vraiment regarder ( les jours de pluie, il y a pas mal de gens qui viennent là juste pour se mettre à l'abri et pouvoir dire ensuite " j'ai fait un musée")

L'autre remarque qui me parle c'est, à propose du visiteur type qui vient ne voir que l'oeuvre principale du musée: " il n'est pas recommandé de se boucher les yeux en traversant les salles avoisinantes du musée, c'est peut-être l'occasion de découvrir une nouvelle passion , qui sait? Un moment, même court face à une autre oeuvre ne peut être que bénéfique [...] de toutes façons, JE CRAINS L'HOMME D'UN SEUL TABLEAU."

deux anecdotes personnelles ici:
La première, c'est une dame qui me demande
 - qu'est-ce qu'il y a au deuxième étage?
- La suite, on reste dans la peinture italienne, mais les décennies suivantes, là vous êtes aux début XV° siècle, à l'étage, c'est premier et deuxièmes quart du XV°
- Mais est-ce qu'il y a des Vierge et l'enfant?
- euh, oui, un jour avec une collègue, nous avons compté tous les tableaux du musée portant ce titre, et vu que c'était le sujet favori du collectionneur, il y en a plus de 70 exposées...
- non parce que moi, je ne veux voir que des Vierge et l'enfant, je les photographie toutes, j'en ai plus de 600 en photo chez moi.

J'ai quand même trouvé que c'était une passion un poil exclusive!

Deuxième anecdote: il y a, là où je travaille" un tableau " attribué à Botticelli", parfois des gens viennent de loin pour le voir, uniquement parce que c'est le seul nom qu'ils connaissent. Certains payent l'entrée uniquement pour celui là. C'est un Botticelli de jeunesse, peut être même fait à plusieurs mains en atelier mais le nom est célèbre, c'est tout ce qu'ils veulent. Sans prendre en compte le fait que Botticelli ne vient pas de nulle part, qu'il a travaillé avec d'autres peintres qui l'ont influencé, c'est sympa aussi de voir ce qui se faisait avant. Mais non!

Un jour un monsieur arrive dès l'ouverture et se campe devant pendant bien 1h45. Pensant qu'il voulait le voir en priorité, ça arrive parfois, je lui propose de repartir au début pour voir le reste de la collection. Le monsieur, fort agressif, se met en colère, et me crie dessus! Ne me laissant pas faire, je lui demande pourquoi il s'énerve comme ça, alors que je fais que mon travail. réponse
- " je suis venu du Canada pour le voir, je l'ai vu il y a 16 ans lors de mon premier voyage, je voulais absolument le revoir, maintenant je m'en vais, où est la sortie?"
- euh, d'accord, donc pour sortir, vous descendez l'escalier, vous traversez la salle16
- Je ne veux pas traverser la salle 16
- Vous allez être obligé, parce que la sortie est au bout de la salle 16
- Vous êtes bouchée? je vous dis que je ne veux pas traverser et voir d'autres tableaux!
- Et moi, je vous dis que vous allez être CONTRAINT de traverser la salle 16 parce que la sortie est AU BOUT et qu'il n'y en a PAS d'AUTRE.
- Et bien je la traverserai COMME CA! ( geste de marcher en baissant la tête et en se bouchant les yeux pour être sur de ne pas voir autre chose)
Je ne sais pas, peut être qu'il imaginait que voir un autre tableau allait le rendre aveugle en lui brûlant la rétine.
Concrètement je n'ai jamais vu de ma vie de gardienne de musée quelqu'un d'aussi borné. Des relous, des bizarres, des ésotéristes illuminés adeptes de la théorie du complot qui analysent chaque tableau à l'aune du Da Vinci Code oui. Des bornés à ce point, non.

Une lecture courte, pas difficile puisqu'elle s'adresse à des amateurs, voire des novices, et que je conseille quand même à tous, parce que c'est toujours utile d'avoir des pistes.
Par exemple " poivrons rouges sur table ronde laquée blanche" de Felix Valotton, je ne connaissais pas ce tableau. Mais outre la précision quasiment photographique dans le rendu de la couleur et de la brillance, auteur attire mon attention sur une chose que je n'aurais pas forcément vue a priori: la date ( 1915.. hé , il y a pile 100 ans!)

La date peut avoir une importance: dans ce qui est a première vue une nature morte, la présence de la couleur rouge violente et du couteau au premier plan tout prêt à découper ces poivrons aussi divers que possible a probablement une connotation politique.
Rien que pour cette information, j'ai trouvé ce petit livre très intéressant.

Sylvain? Je te le prête?
Idée 39: Un musée ( un tableau représentant des visiteurs qui admirent les tableaux d'un musée..)

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