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mardi 28 décembre 2010

La Farce de maistre Pathelin - anonyme

et pour la lettre X du Challenge ABC, un peu de triche ne fait pas de mal.. X donc comme Anonyme (plusieurs auteurs sont avancés: Guillaume Lorris, Jean de Meung, Pierre Blanchet, Antoine de la Salle, Guillaume Alecis le plus probable). Dans le doute l'auteur restera donc X.
Ce qui permet en plus de faire un coup double avec le challenge médiéval.

Et de triche, il est beaucoup question dans ce qui est peut être le texte le plus connu de la littérature médiévale française.

Après les fabliaux la dernière fois, penchons-nous donc un peu sur la farce, pièce de théâtre jouée sur les marché, foires, parvis de bâtiments officiels, et ancêtre direct du théâtre comique à la Molière. L'intrigue est souvent très simple, triviale voire grivoise, la Farce  était souvent représentée dans le cadre d'une fête religieuse, entre deux mystères ( pièces morales à thème religieux, vies de saints...). Il fallait donc trouver quelque chose pour éviter que le public ne parte avant même la fin du mystère de la vie de Saint-Machin, d'où l'autorisation de de "farcir" la représentation d'une pièce plus légère. l'âge d'or de la farce se situe au XIV° siècle, celle de Pathelin date d'environ 1460 ( texte d' incunable de 1486 pour l'édition Larousse). Un texte tardif, donc, et plus développé que le tout-venant souvent des fabliaux transposés pour la scène.

Le thème du texte peut être résumé facilement: " a Voleur,voleur et demi". Une première partie nous présente l'avocat véreux et néammoins sans le sou Pierre Pathelin, parti au marché gruger un marchand drapier tout aussi peu honnête que lui. Le drapier lui laisse emporter six aunes de tissus - au prix largement gonflé- à crédit, il devra venir à la fin du marché se faire payer et en plus offrir un repas gratuit par son client, qui a déjà bien sûr prévu de  le rouler dans la farine.
Deuxième étape: lorsque le drapier arrive, Pathelin et sa femme lui jouent un comédie à leur façon: Il est malade, fou, délirant depuis des semaines et n'a pas pu aller au marché. Le marchand a du rêver. Lorsqu'il comprend qu'il a été joué, il revient, mais Pathelin contrefait cette fois la possession démoniaque. A quoi le drapier finir par se convaincre que c'est le diable lui même qui lui a volé son drap.

On pourrait s'arrêter là, mais coup de théâtre!  Le drapier vient également d'assigner en justice son berger qui lui vole des moutons, et qu'il a pris sur le fait en train de se faire un festin des bêtes qu'il devait garder. Or, le berger vient prendre justement Pathelin comme avocat. Le berger devra se faire passer pour simple d'esprit, et donc, en fonctiond ela justice médiévale: certes coupable, pris sur le fait, mais irresponsable de ses actes, donc non condamnable
Et lors du procès, le drapier ne sait plus ce qu'il doit faire, mélange le vol de tissus et le vol de moutons, et passe à son tour pour fou, est débouté. Pathelin semble avoir joué le drapier une seconde fois, sauf que le plus malin de tous n'est pas l'avocat, mais le berger, qui trouve en sus un moyen imparable de ne pas payer son avocat.
Donc une intrigue passablement complexe pour l'époque,qui brocarde un peu comme dans les fabliaux les bourgeois mesquins, la justice forcément véreuse, l'avarice..(le nombre de références au monde judiciaire laisse d'ailleurs à penser que l'auteur est probablement un clerc qui brocarde son domaine).

  A lire absolument en vieux français pour profiter de la savoureuse langue de l'époque. Assez dure à suivre, il faut le reconnaître: question de rythmique, tout est écrit en octosyllabes, la grammaire est plus que fluctuante. Certains textes plus anciens m'ont parfois paru moins compliqués, du temps où il y avait encore des cas sujets et cas régimes pour s'y retrouver. Tout ça ayant disparu dans la langue de Pathelin, la langue est déjà très libre, on se dit parfois qu'il était temps que le XVI° siècle approchant vienne standardiser un peu tout ça pour plus de clarté, même si on perd un peu en verve.
Très intéressant aussi dans cette édition les notes et commentaires philologiques qui viennent mettre également un peu plus de clarté dans tout ça ( enfin, moi j'aime l'étymologie donc, ça ne me gêne pas de passer du texte au commentaire). en tout cas,  c'est avec un grand plaisir que j'ai découvert la preuve que la Fontaine est un copieur: les flatteries de Pathelin au marché rappellent déjà beaucoup le Corbeau et le renard, la preuve est faite aux vers 438 à 459, où la fable est citée intégralement.. vers 1460, elle était donc déjà connue du peuple, suffisamment pour qu'on y fasse référence sur les marchés dans une pièce populaire.

Promis, après l'humour populaire sous forme de fabliau et le théâtre comique sous forme de fable, on passera à des choses plus héroïques ou plus historiques.

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