Bienvenue amis curieux!

Pourquoi le Cabinet de curiosités?

Tout simplement parce qu'on y trouve un peu de tout, par ordre de pagaille. Cette idée de collection sans thème déterminé me plaît...

Vous trouverez donc ici un peu de tout, de ce qui fait ma vie, mes loisirs: musique, lecture, voyages, etc...
Bonne lecture

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mardi 26 janvier 2010

Le Tao te king - Lao Tseu

taoteking

C’est un monument bien mystérieux que j’ai choisi pour représenter la littérature chinoise dans mon challenge. Monument s’impose ici, le Tao Te king ( Tao Tö king sur ma version, mais je vais garder la version la plus connue, on trouve aussi Dao De Jing par ci par là) étant le texte fondateur du taoisme. De l’auteur, Lao Tseu ( ou Laoxi, Laozi, et tant d’autres transcriptions possibles) , on ne sais rien, en tout cas rien de tangible. Les suppositions en font un sage qui aurait vécu au VI° siècle avant notre ère, mais le Tao Te King semble plus « récent » d’environ deux siècles, donc on pourrait avoir affaire à une transcription a posteriori d’un enseignement de tradition orale. Une autre possibilité donne le tao te King comme une compilation d’aphorismes de divers auteurs regroupés sous un nom générique ( Lao Tseu signifiant « vieux maître », cela peut désigner plusieurs sages). En fait le personnage, peut être réel à la base, perdu dans les limbes de l’histoire rappelle un peu Socrate, tel que décrit par Platon, dont on se fiche finalement de savoir s’il a réellement existé ou pas, ou s’il ne s’agit que d’un prête-nom.
Donc, le Tao Te King, « livre de la voie et de la vertu », est quand même un texte bien obscur, composé de petits fragments poétiques. Le tao lui-même , principe de base de toute la philosophie abordée ici, n’est pas facile à définir : un principe naturel d’ordre et d’harmonie, d’où procède chaque chose, d’où la nécessité de vivre en accord avec la nature pour rester au plus près du tao. Un principe un peu effrayant tout de même, car le découvrir, c’est risquer de se perdre. Le Tao Te King prétend donc mener le disciple sur la voie de la sagesse. Vous n’avez rien compris en le lisant ? c’est normal, pas de quoi s’inquiéter, car même s’il sous-tend la pensée chinoise depuis plus de deux millénaires, c’est aussi le texte le plus commenté en Chinois, le plus sujet à interprétations ( apparemment les caractères qui le composent sont très souvent polysémiques, donc, il est assez facile de lui faire dire ce qu’on veut).
joecool
Ce qui m’a frappée à la lecture de ce court recueil, c’est outre l’obscurité de certains passages, le côté très politique de la chose. En effet, je ne m’y attendait pas du tout, mais beaucoup de fragments semblent destinés à l’enseignement d’un dirigeant politique. Il y est souvent question de la manière la plus « naturelle » de diriger un peuple. 
Exemple :
LXXII

Si le peuple ne craint plus le pouvoir
C'est qu'un pouvoir plus grand approche.
Ne pas limiter son espace vital
Ne pas l'empêcher de subsister
Ne pas le pressurer
Et le peuple ne se lassera pas.
Ainsi le sage se connaît lui-même
Mais ne se montre pas.
Il se respecte lui-même
Mais ne s'enorgueillit pas.
Il refuse ceci et accepte cela
Ce qui laisse à réfléchir, surtout lorsqu’on pense que ce texte a du être rédigé il y a au bas mot, 26 siècles, ça donne le tournis ! voila pourquoi je parlais de Socrate plus haut, on retrouve très régulièrement la notation que le sage ne peut connaître le monde, et a fortiori le Tao, tant qu’il n’apprend pas à se connaître lui-même ( ce qui rappelle le principe « gnôthi seauton » de la philosophie grecque). Sans compter le principe de Non- action, qui rappelle beaucoup la résistance passive, et la non-violence prônée beaucoup plus récemment par Gandhi.
Un texte poétique, mystérieux, dont il doit falloir lire plusieurs version pour espérer saisir un peu de la subtilité en dépit de la traduction. Mais qui ne m’a pas énormément surprise, dans le sens ou j’ai trouvé pas mal de ressemblances avec la philosophie du siècle de Périclès
Une lecture du Challenge ABC

edit: le Tao Te King rejoint également le challenge 2€!

jeudi 21 janvier 2010

Une année en Russie

Comme mon challenge ABC avance vraiment vite, je me demandais quoi faire pour la suite.
L'idée s'est imposée d'elle même, et me voila partie  pour le Challenge "Une année en Russie", faisant un bond de 18 ans en arrière, à l'époque des cours de Russe au lycée. Au programme, et ça c'est une très bonne idée, non seulement de la littérature, mais aussi, en l'honneur de l'année de la Russie en France, cinéma, théâtre, musique, traditions, langue, et tout ce qu'on veut..(mmm cuisine!!). Pas de quantité imposée, la liberté absolue...
Russie
Première étape, probablement, le prochain film de Nikita Mikhalkov en Février prochain..

mercredi 20 janvier 2010

le Vieil homme et la mer - Ernest Hemingway

vieilhomme
Et voila, j'ai enfin pris mon courage à deux mains pour m'attaquer à Hemingway ( en évitant qu'en même d'attaquer d'entrée par "pour qui sonne le glas?"). J'avoue que je n'étais pas spécialement emballée par Hemingway à la base, mais il fallait bien trouver une lettre H et il m'a paru un peu plus incontournable que Hawthorne, et donc, arrivée devant le rayonnage H de la médiathèque, j'ai finalement opté pour le "Vieil homme" sans rien en savoir.
Pour savoir tout le bien que je pense de la collection 1000 soleils, il suffit de se reporter au billet sur Alice au Pays des merveilles, mon avis n'a pas changé sur ce point là.
Et donc, j'attaque vaillamment le Vieil Homme et la mer, l'histoire d'un vieux pêcheur malchanceux qui va tous les jours plus loin en mer en espérant enfin faire la prise de sa vie. Mais il ne va pas nous parler que de ça, d'accord, le volume fait à peine plus d'une centaine de page. Et bien si: 3 jours durant , le vieux pêcheur lutte d'abord pour capturer puis ramener au port un espadon gigantesque qui fera, espère-t-il, sa fortune, et surtout, restaurera son image  quelque peu écornée par sa réputation de poissard auprès des autres pêcheurs... mais, c'est sans compter sur la voracité des requins.
snoopycool
Et contre toute attente, j'ai bien aimé cette espèce de huis-clos en pleine mer. Les monologues un peu farfelus et grandiloquents du vieux pêcheur sont savoureux, l'histoire d'amitié entre le jeune pêcheur et son aîné qu'il appelle " grand-père" est très mignonne, et Hemingway donne un souffle épique à sa partie de pêche, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas. Il y a à la fois un côté énergique et contemplatif, et la conclusion dérisoire de cette aventure maritime ajoute un côté tragi-comique au récit.
Bref, j'avais un peu peur, mais non, une bonne surprise, ce court roman se lit assez vite et est plutôt sympa. Pas mal pour commencer à s'attaquer au monument Hemingway, je pense.

 une lecture du Challenge ABC

mardi 19 janvier 2010

La Métamorphose - Franz Kafka

metamorphose
Voila en revanche un livre qui va me marquer beaucoup plus que le précédent ( voir Zazie ci dessous), et qui mérite son statut d'incontournable. En 80 pages et quelques, Kafka arrive a créer un climat d'étrangeté et d'angoisse, et tout ça sans effets de manche. En posant simplement d'entrée l'élément fantastique ( un homme se réveille un beau matin et se découvre transformé en scarabée géant), puis en continuant son récit de manière réaliste ( comment se lever, marcher, ouvrir une porte lorsqu'on a plusieurs petites pattes et une pare de mandibules).
Mais surtout l'opposition entre Gregor, le scarabée humain que finalement personne ne songe un instant à comprendre ni même à plaindre, et sa famille de petits bourgeois plus ennuyés qu'autre chose par la situation qui les oblige à changer leur train-train de vie, est poignante. Car le héros, trop bon, trop naïf, ne se rend pas compte de la réalité que le lecteur découvre de plein fouet: les vrais parasites sont bel et bien ceux qui sous des dehors humains vivent sans état d'âme aux crochets du fils qui trime. D'ailleurs, comme pour souligner un peu plus cet état de fait, seul le héros à un nom, et sera désigné " Gregor" jusqu'à la fin, les autres sont "la soeur" ( on apprend incidemment qu'elle s'appelle Grete, mais le plus souvent c'est simplement " la soeur"), "la mère" et "le père". Même pas de possessif ( je n'ai pas lu la version germanophone, mais je suppose qu'il ne doit pas y avoir de "Seine Schwester" non plus), la rupture entre le héros et sa famille est totale.
Après je ne m'aventurerai pas dans les divers niveaux d'analyse: on propose un règlement de compte de Kafka avec sa famille, via la nouvelle, une allégorie morale, sociale, politique, voire religieuse ( le héros lapidé à coup de pommes)... c'est probablement  tout ça et plus encore, au lecteur d'en décider.
snoopycontent
Un texte très court, et riche de nombreux niveaux de compréhension, donc j'ai beaucoup aimé. D'autant que l'édition du Livre de Poche contient également un cours de Vladimir Nabokov (rien que ça!), sur le sujet, tout aussi intéressant à lire que la nouvelle, notamment sur tout ce qui touche à la construction" scientifique" ( en 3 parties, une pièce à 3 portes, comme le sont les présentations didactiques: thèse, antithèse, synthèse), et sur tout ce que le texte peut contenir de théâtral dans son organisation.
Je relirai assurément la Métamorphose, pourquoi pas soyons fous dans le cadre d'un challenge "lire en VO" ( qui serait également l'occasion de se remémorer les lointains cours d'allemand). En tout cas, j'avais déjà bien aimé " le Procès" aux temps du lycée, je vais donc continuer à explorer les oeuvres de cet écrivain, qui se montre aussi à l'aise dans la nouvelle que dans le roman.

une lecture du challenge ABC 

Zazie dans le métro - Raymond Queneau

Zazie_dans_le_metro
Et voila donc la lettre Q:
Le résumé est vite fait : 2 jours dans la vie d’une gamine délurée à Paris, chez son oncle Gabriel, les rencontres qu’elle va faire, le quartier, les voisins, etc.. le tout raconté sur un mode résolument décontracté, avec en prime une orthographe phonétique pour le moins déroutante. Ça pourrait être pas mal, sauf que..
Sauf que, toute le monde semble adoré, et moi, j’ai eu du mal à accrocher. L’orthographe phonétique est amusante un moment, puis l’effet de surprise passé, le livre manque également de rigueur au niveau scénario, ce qui fait qu’on ne sait pas vraiment où Queneau veut en venir, ou plutôt on se doute que lui-même ne le sait pas. En fait, il manque un réel fil conducteur, un embryon d’histoire. D’autant que les personnages sont à peine esquissés. Hormis Zazie et surtout l’oncle Gabriel qui ont un peu de relief, les autres ne sont pas vraiment mis en avant. Par exemple, la tante Marceline, tout ce qu’on sait d’elle, c’est qu’elle parle doucement, d’ailleurs, c’est dit parfois jusqu’à 5 fois dans une même page par des « .. dit doucement Marceline » ou « .. répond doucement Marceline » ( j’avoue cette espèce de redondance à la limite du tic m’a particulièrement porté sur les nerfs et compte beaucoup dans mon appréciation très moyenne).

Pourtant dans mon souvenir, j’avais pas mal apprécié l’adaptation cinéma de Malle (l’interprétation de Philippe Noiret en Oncle Gabriel et Hubert Deschamps en Turandot y est pour beaucoup il faut dire).
Mais voila, c’est exactement ça, j’ai eu l’impression de lire un vague script de film, avec les fréquentes annotations « (geste) », et la succession de scènes juxtaposées est vraiment une écriture très filmique. Je n’ai pas pu m’empêcher de pense que vraiment ce livre avait été écrit POUR être adapté sur grand écran ( ou même en pièce de théâtre).

Pourtant l’ambiance cool de l’ensemble est sympathique et rappelle un peu Vercoquin et le Plancton, que j’avais par ailleurs beaucoup aimé. Mais voilà, Vian s’en sortait mieux, et arrivait avec presque rien à faire une histoire.
perplexe
Donc voila, une bonne idée mais qui tourne un peu à vide, il n’y a pas pour moi le petit truc accrocheur, et c’est dommage, car Gabriel est un personnage haut en couleurs et intéressant, beaucoup plus à mon sens que Zazie.
Et pourtant du même auteur, j’avais bien aimé les Exercices de style, qui va jusqu’au bout de son parti pris loufoque, tandis que Zazie est trop à mi-chemin, trop biscornu pour un roman, ou trop sage pour de l’oulipo (et c’est une grande fan de Boby Lapointe qui le dit).
Un livre sympa, mais sans plus, loin d'être inoubliable en tout cas.

une lecture du challenge ABC

dimanche 10 janvier 2010

alice au pays des Merveilles - Lewis Caroll

alice1000 Et c'est donc Alice au Pays des Merveilles qui ouvre le bal des comptes rendus de lectures. Ciel, il me semble être revenue au collège! en l'occurrence dans l'ancienne collection "1000 soleils" de chez Gallimard. Bon point pour cette collection de ma jeunesse années 80, une couverture plutôt sympa, en tout cas en comparaison des visuels moches que l'on trouve régulièrement sur les éditions de poche. Second bon point, bien qu'achetée d'occasion lors de la fête du livre à la Médiathèque municipale, et, en dépit d'un nombre conséquent d'emprunts, la couverture cartonnée robuste, le papier à peine jauni témoignent du bon travail de Gallimard sur cette collection jeunesse. Chose que je tenais à souligner, car ce n'est pas la première fois que je constate la bonne tenue des livres 1000 soleils.

Passons au contenu proprement dit:
perplexeHé oui, je suis perplexe. En dépit de la réputation du roman, classique de la littérature anglaise, classique absolu de la littérature jeunesse, adaptation ultra-célèbre en dessin animé, malgré tout je suis perplexe. je ne peux pas dire que j'ai détesté, mais j'ai du mal à voir des "Merveilles" dans cette histoire. Déjà, toute jeune, le dessin animé de Disney - du temps ou les studios Disney avaient encore de l'imagination - m'inquiétait un peu. Je trouve ce monde plutôt cauchemardesque que merveilleux, et ça ne date pas d'hier.

Or le problème vient de là: l'adaptation animée m'a tellement marquée que j'ai été un peu déçue de ne pas retrouver l'oiseau cage, l'oiseau balai, celui qui efface la route...Le chat qui avait beaucoup d'importance chez disney n'a finalement qu'un rôle mineur dans le roman, qui se lit très vite. Dans le fond, Alice manque à mon goût d'humour et, paradoxalement, de folie. On sent bien qu'il a été novateur au XIX° siècle, mais il a été dépassé par sa légende. Si bien qu'en m'y attaquant, je m'attendais à quelque chose de plus original. Et, par conséquent, j'ai eu du mal à y adhérer, à tel point que je me suis demandée comment il est possible qu'il continue à influencer le monde du cinéma ( Je viens à peine d'apprendre que le film de Tim Burton qui en est inspiré sort au printemps, de même je me souviens soudain de la référence au lapin blanc dans le très mauvais Matrix) ou de la bande dessinée. Car, en tant que grande lectrice de bande dessinée, y compris de mangas, j'ai pu constater que nombre de mangas , en particulier pour filles s'y réfèrent. Je ne citerais pas la foule de titres concernés ici, mais il semble que ce soit une référence majeure au Japon, contrairement à la France.
Quand à la musique et au White Rabbit de Jefferson Airplane, en pleine période hippie, là je comprend mieux la démarche: space cake, champignons et narguilé, effectivement, le côté bad trip de la chose est assez patent. Ca rejoint plutôt l'impression que j'ai eu. Je sais que la critique officielle continue à débattre: faut il y voir une référence à la schizophrénie, à la synesthésie ou à l'usage de drogues? Les 3 me paraissent plausibles, et en tout cas des pistes de réflexions bien plus intéressantes que de se contenter du simple récit pour enfant un peu trop sérieux et assez platounet. Finalement, et c'est peut être la raison de son succès, ce côté un peu trop guindé incite sûrement au détournement, et j'avoue être assez impatiente de voir quelle option va prendre Tim Burton ( et vu que mon point de vue est assez cauchemardesque j'avoue attendre quelque chose de noir, une photographie digne de Goya et de la névrose à la pelle)

Malgré tout, je suis assez contente de ma lecture, non point tant pour le récit en lui même, que pour tout ce qu'il a engendré, afin de mieux comprendre les références qui y sont faites par ailleurs quelles que soient les pistes de lectures que suivent les successeurs. Je pense que je lirais également " de l'autre côté du miroir" par curiosité, si d'aventure il croise ma route.

une lecture du Challenge ABC